L’héritage des plus riches a relancé les débats sur la fiscalité de la fortune en France. Après l’ONG Oxfam il y a quelques jours, c’est au tour de la Cour des comptes de plaider pour une réforme en profondeur des droits de succession en France. Dans un rapport remis ce mercredi aux députés de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, les magistrats proposent de réduire fortement les avantages fiscaux des droits de succession. « pour financer une réduction ciblée des taux d’imposition ».
Au gouvernement, le Premier ministre Michel Barnier a ouvert la porte à une augmentation des impôts en appelant à plus de « justice fiscale ». Mais déjà, plusieurs voix dans le camp présidentiel se sont rapidement élevées au premier plan pour bloquer toute augmentation d’impôts. Cependant, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, et des institutions comme l’OCDE ont également défendu une augmentation ciblée de la fiscalité pour réduire la dette.
Lors d’une réunion avec les journalistes mercredi matin, le président de la Cour des comptes Pierre Moscovici a déclaré que « le débat fiscal ne doit pas être un tabou ». « Même le Medef veut participer au débat »il a souligné. Contestation » réductions d’impôts non financées », préconise l’ancien commissaire européen « utiliser l’arme fiscale avec parcimonie « . Ministre des Finances sous François Hollande, Pierre Moscovici a dû faire face au « ras-le-bol fiscal » des Français au moment de la crise de la zone euro. Une hausse des impôts combinée à une politique d’austérité qui avait plongé la France dans une période économique périlleuse. situation.
Droits de succession : des recettes en plein essor
Concernant les droits de succession, les recettes fiscales ont bondi ces dernières années. Selon les calculs de la Cour des comptes, le montant des recettes a plus que doublé, passant de 7 milliards d’euros en 2011 à 16 milliards en 2023. Cette hausse s’explique par un bond des décès sur la période, passant de 559 293 en 2014 à 613 243. en 2019. Le vieillissement de la génération du « baby-boom » survenu après la Seconde Guerre mondiale a contribué à ce pic de mortalité. Et cela devrait se poursuivre dans les années à venir.
La Cour évoque également le bond des recettes fiscales dû à l’envolée de la valeur des actifs immobiliers (+35% entre 2015 et 2022). Dans plusieurs de ses travaux, l’économiste français Thomas Piketty a montré que la valeur des prix de l’immobilier, notamment dans les grandes villes, avait augmenté bien plus vite que les revenus du travail, ce qui avait contribué à accroître les inégalités de revenus. du patrimoine en France et dans certains pays développés, plutôt que des inégalités de revenus.
Le Pacte Dutreil et l’assurance-vie en ligne de mire
Malgré l’essor des revenus, certains foyers imposables peuvent bénéficier de dispositifs fiscaux particulièrement avantageux. Parmi les leviers visés par la Cour des comptes figure le pacte Dutreil, qui permet de simplifier la transmission des entreprises familiales. En effet, l’estimation du coût de 500 millions d’euros pour les finances publiques rappelée chaque année dans le budget est jugée « obsolète » par les experts de la Cour. Dans leur rapport, les auteurs soulignent que « l’administration a entrepris de nouveaux travaux d’estimation susceptibles d’entraîner une valorisation accrue de cette dépense fiscale dans les prochains textes financiers ».
L’autre dispositif visé par la Cour concerne l’assurance-vie. « Le régime fiscal du capital d’assurance-vie versé au décès de l’assuré est également plus favorable que celui du droit commun », rappellent les Sages. Regrettant que la fiscalité sur l’assurance-vie ne soit pas considérée comme une dépense fiscale par l’administration, l’institution de la rue Cambon recommande de modifier sa classification et de réaliser un chiffrage chaque année. En 2021, les économistes du Conseil d’analyse économique (CAE) avaient déjà estimé son coût entre 4 et 5 milliards d’euros, mais « sur la base d’hypothèses simplificatrices et de données 2017-2018 ». Les rapporteurs réclament évidemment un changement de méthode pour bien évaluer le coût de ces appareils. Une demande également formulée par la directrice d’Oxfam Cécile Duflot. Reste à savoir si ces voies seront suivies par le gouvernement Barnier en quête de crédits.