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La Corée du Sud mise à son tour sur l’Afrique

Dix milliards de dollars d’aide au développement d’ici 2030. La Corée du Sud souhaite devenir un partenaire privilégié du continent africain en aidant son développement. Lors du sommet Corée-Afrique tenu à Séoul les 4 et 5 juin, les différents chefs d’Etat invités ont exprimé leur intérêt à travailler avec Séoul.

Mohammed Ould Ghazouani, président de la Mauritanie et co-organisateur de l’événement, a salué l’exemple sud-coréen en matière de développement et d’industrialisation rapide. « Une expertise utile pour atteindre nos objectifs de l’Agenda 2063», a-t-il déclaré. Cet agenda, rédigé en 2013 par l’Union africaine, prévoit une série de 15 initiatives pour le développement du continent africain.

Le programme agricole « Rice Belt »

Parallèlement, la Corée du Sud envisage de poursuivre son programme agricole « Rice Belt », lancé en 2023 avec 14 pays membres comme le Sénégal, la Guinée et le Cameroun. L’objectif est d’aider au développement de la riziculture en fournissant une variété de riz spécifiquement créée en Corée du Sud et du matériel agricole. Si la Corée du Sud veut soutenir l’économie émergente du continent, elle veut aussi faire des affaires.

L’Afrique est un marché en pleine croissance représentant 1,2 milliard de consommateurs, et la Corée du Sud compte y exporter ses produits. « Les pays africains veulent s’industrialiser et pour cela ils ont besoin de véhicules et de machines que la Corée peut leur fournir.» déclare Kang Munsu, chercheur spécialisé sur l’Afrique à l’Institut coréen de politique économique (KIEP). La création de la Zone de libre-échange africaine en 2018 permet d’atteindre tous les marchés du continent. L’industrie automobile, secteur phare de la Corée du Sud, représente 25 milliards de dollars. (23 milliards d’euros) aujourd’hui, et cela va encore augmenter.»

Recherche de ressources minérales en Afrique

Outre le commerce, la Corée du Sud recherche également des ressources minérales en Afrique. Séoul, par exemple, va prêter 2,5 milliards de dollars à la Tanzanie en échange de concessions minières. Un contrat gagnant-gagnant, selon les acteurs concernés.

Pour Kitila Mkumbo, proche de Samia Suluhu, présidente de la Tanzanie, l’objectif est de diversifier les partenaires asiatiques du pays. « La Chine est présente de longue date dans l’industrie minière tanzanienne, mais sa politique agressive et la corruption qu’elle génère nous inquiètent.il glisse. La Corée du Sud est une alternative intéressante, car elle n’a pas les méthodes chinoises. »

La Corée du Sud veut devenir un acteur majeur en Afrique

Côté coréen, on pense à l’accès aux minéraux rares nécessaires à la production de semi-conducteurs, cœur de l’économie du pays. « À l’heure où tous les États se disputent ces ressources stratégiques, sécuriser vos lignes d’approvisionnement donne un avantage non négligeable« , ajoute Kang Munsu.

Que ce soit en matière d’aide au développement ou de partenariats économiques, la Corée du Sud entend devenir un acteur majeur en Afrique. Première étape de la stratégie du président sud-coréen Yoon Suk-yeol visant à faire de la Corée du Sud un « État pivot »autrement dit un acteur important sur la scène internationale.

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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