La Corée du Nord a testé le missile hypersonique Hwasongpho-16B, et c’est inquiétant !
Le 3 avril, les médias nord-coréens ont diffusé des photos et des vidéos montrant le tir d’essai du nouveau missile hypersonique Hwasongpho-16B, un IRBM à combustible solide monté sur un véhicule TEL 7×7, en présence du leader Kim Jong. -UN.
Si ce tir est autant médiatisé, c’est parce que le Hwasongpho-16B semble embarquer un planeur hypersonique, ce système de rentrée atmosphérique conçu pour défier les défenses anti-balistiques les plus avancées, tout en conservant des capacités de manœuvres très importantes, tout en conservant une vitesse hypersonique.
Pyongyang développe à toute vitesse ses capacités de frappe nucléaire
Depuis 2015, la Corée du Nord a considérablement accru ses efforts pour moderniser et étendre ses capacités de frappe à distance, en particulier celles capables de transporter des armes nucléaires.
Alors que le pays utilisait encore de pâles copies du Scud soviétique, il a démontré, il y a seulement 15 ans, les progrès réalisés dans ce domaine, avec les premiers essais des SLBM Pukkuksong-1 et 2 à changement moyen et le premier IRBM balistique à portée intermédiaire. missile Hwasong-12, puis le premier ICBM Hawsong-15, pour la seule année 2017.
Deux ans plus tard, elle teste pour la première fois le Pukkuksong-3 qui équipera son nouveau sous-marin lance-missiles. Héros Kim Gun-oket le missile à trajectoire semi-balistique à courte portée KN-23, inspiré du russe Iskander, et conçu pour défier les défenses anti-balistiques américaines, sud-coréennes et japonaises.
Les essais et les tirs se sont encore intensifiés à partir de 2021, avec l’apparition de nouveaux missiles de croisière, d’une nouvelle version de l’ICBM baptisée Hawsong-17, puis, à partir de 2022, de nouvelles versions de missiles annoncés comme hypersoniques et transportant du combustible solide plutôt que liquide. .
Premier tir du missile hypersonique nord-coréen Hwasongpho-16B IRBM
C’est dans ce contexte qu’a eu lieu cette semaine le premier tir du nouveau missile balistique à portée intermédiaire Hwasongpho-16B, largement rapporté par l’agence de presse officielle KCNA et la télévision publique nord-coréenne KCTV.
En effet, le nouveau missile est présenté comme apportant une évolution majeure concernant les capacités de dissuasion de Pyongyang. Il s’agirait ainsi d’un missile balistique de portée intermédiaire, c’est-à-dire d’une portée allant de 2 500 à 6 500 km, à combustible solide, et monté sur un transporteur-érecteur-lanceur (TEL) à sept essieux.
Ces deux caractéristiques constituent à elles seules une avancée notable dans les capacités de frappe nord-coréennes. En effet, non seulement le système est mobile, donc beaucoup plus difficile à localiser précisément pour effectuer des frappes préventives, mais il peut être mis en œuvre sur des durées beaucoup plus courtes que s’il avait utilisé du combustible liquide, nécessitant un transfert de combustible avant le tir.
En effet, ce missile, dont la portée serait suffisante pour atteindre l’ensemble de la péninsule coréenne, et l’archipel japonais, depuis la profondeur stratégique nord-coréenne, et qui peut être armé d’une tête nucléaire pas forcément miniaturisée, constitue une réponse à l’attaque sud-coréenne. Doctrine à 3 axes, conçue pour contenir de manière conventionnelle la menace nucléaire de Pyongyang.
Un planeur hypersonique porté par le Hwasongpho-16B
Mais ces caractéristiques, déjà remarquables et potentiellement très inquiétantes, pourraient bien n’être que secondaires dans cet essai. En effet, les images transmises par les médias nord-coréens, du fait de la présence de Kim Jong-Un sur place lors de ce tir, montrent que le Hwasongpho-16B serait équipé d’un véhicule de rentrée atmosphérique, ayant l’apparence d’un véhicule hypersonique. planeur.
Contrairement à une ogive de rentrée atmosphérique classique, un planeur hypersonique conserve de très grandes capacités de manœuvre, y compris dans les basses couches de l’atmosphère, tout en conservant une vitesse hypersonique, supérieure à Mach 5.
Cette technologie, apparemment maîtrisée par la Russie avec le missile ICBM Avangard RS-28 SARMAT, et par la Chine avec le missile balistique à moyenne portée DF-17, fait l’objet d’intenses R&D et d’investissements aux États-Unis et en Europe, pour les acquérir au fur et à mesure. Aussi vite que possible.
Cela réduirait en effet considérablement l’efficacité des défenses antimissiles de haute couche, comme les THAAD et SM-3 américains, conçues pour intercepter le missile dans sa phase balistique, en calculant très précisément sa trajectoire.
Quelques informations corroborées par les données des radars sud-coréens et japonais
Si les photos du Hwasongpho-16B et de son planeur hypersonique peuvent éventuellement être considérées comme une nouvelle opération de communication dont Pyongyang a le secret, la vidéo montrant le tir de ce missile surmonté du planeur hypersonique tend à le conforter.
À l’image des communiqués diffusés par les armées sud-coréenne et japonaise, qui ont suivi la fusillade et son déroulement, grâce à leurs systèmes de radars anti-balistiques. Ainsi, selon Séoul, le missile aurait atteint une portée de 600 km, dans la mer du Japon, mais en dehors des zones économiques exclusives japonaise et sud-coréenne. Malgré cette courte distance, les armées sud-coréennes estiment que le missile était bien un IRBM.
Selon les Forces d’autodéfense japonaises, il aurait suivi une trajectoire à double apogée, une première à 100 km, une seconde à 73 km, ce qui tend à confirmer l’utilisation d’un nouveau véhicule de rentrée atmosphérique capable de manœuvres, comme le note également dans le communiqué de presse de Séoul.
Une opération de communication réussie, mais une capacité incertaine
Ces données ne confirment pas que Pyongyang dispose bien d’un missile équipé d’un planeur hypersonique. Concrètement, rien n’indique, à ce jour, que le planeur hypersonique Hwasongpho-16B ait réalisé des développements justifiant cette qualification lors de cet essai.
Or, il apparaît désormais clairement que la Corée du Nord est particulièrement investie dans le développement de cette technologie si problématique pour l’équilibre des pouvoirs dans la péninsule coréenne. Pire encore, Pyongyang semble effectivement proche d’une capacité opérationnelle dans ce domaine.
Quoi qu’il en soit, le Hwasongpho-16B pourrait, dans un délai relativement court, constituer le pendant nord-coréen du DF-17 chinois, un IRBM d’une portée de 2 000 km, apparu pour la première fois publiquement en 2019, et portant un planeur hypersonique.
C’est d’ailleurs l’entrée en service du DF-17 chinois, plutôt que celle du russe Kinzhal, toutes deux annoncées en 2019, qui a déclenché des investissements massifs aux Etats-Unis, pour se doter de capacités similaires, qu’elles soient terrestres, navales ou militaires. aéroporté.
Le spectre de l’assistance technologique militaire russe et chinoise à la Corée du Nord
Les progrès spectaculaires réalisés ces dernières années par Pyongyang dans le domaine des missiles balistiques et de croisière ont alimenté les théories de transferts de technologies de défense de Pékin, mais aussi de Moscou, vers la Corée du Nord, en violation des sanctions internationales. voté par ces deux pays au sein de l’ONU.
Le pays est en effet un partenaire de longue date de la Chine communiste, qui représente le principal partenaire commercial et politique de la Corée du Nord sur la scène internationale depuis la fin de la guerre de Corée.
Le soutien très important de Pyongyang à Moscou, concernant la guerre en Ukraine, avec la livraison avérée de plusieurs milliers de conteneurs de munitions aux armées russes, accroît les inquiétudes sur les transferts de technologies, voire d’armes russes, vers les armées du Nord. -Coréen.
Ce soutien sino-russe à la Corée du Nord, en termes d’armes et de technologies de défense, explique-t-il les avancées réalisées par Pyongyang en termes de capacités de frappe à longue et très longue portée ? C’est certainement un facteur clé. Mais tout indique que les ingénieurs nord-coréens ont également acquis des compétences très avancées dans ces domaines.
Il faut donc probablement s’attendre à ce que les armées nord-coréennes enrichissent et étendent, dans les mois à venir, leurs moyens stratégiques et tactiques de frappe à longue portée, avec des capacités destinées à défier les technologies occidentales les plus avancées. plus avancé.
Quand on connaît l’agressivité de Kim Jong-Un, et sa nouvelle doctrine stratégique, on comprend les changements de posture en Corée du Sud comme au Japon, pour tenter de contenir une menace qui, très probablement, ne fera que croître dans les années à venir. .
Article du 4 avril en version complète jusqu’au 6 avril