La contribution de Fitzgibbon à l’économie a-t-elle été aussi grande que le dit Legault?
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La contribution de Fitzgibbon à l’économie a-t-elle été aussi grande que le dit Legault?

La contribution de Fitzgibbon à l’économie a-t-elle été aussi grande que le dit Legault?

Pierre Fitzgibbon aura laissé sa marque par son style unique. Mais quelle a été sa véritable contribution au développement économique du Québec? Les éloges que lui a adressés François Legault hier étaient-ils pleinement justifiés?

L’écart de richesse


La contribution de Fitzgibbon à l’économie a-t-elle été aussi grande que le dit Legault?

Photo tirée du compte X de François Legault

Déclaration de François Legault : « Pierre a réussi – les chiffres le prouvent – nous avons réussi, depuis six ans, à avoir une croissance du PIB par habitant supérieure à celle de l’Ontario et du reste du Canada, ce qui n’est pas arrivé souvent dans l’histoire du Québec. »

Il est vrai que le PIB réel par habitant a progressé plus rapidement au Québec que dans le reste du Canada de 2018 à 2022 : la hausse y a atteint 4 % contre 0,6 % dans le reste du Canada, selon les données compilées par l’Institut de la statistique du Québec. Toutefois, la hausse avait été plus importante de 2014 à 2018, s’élevant à 5,6 % au Québec contre 2,5 % au Canada.

« L’écart de PIB par habitant avec l’Ontario diminue et s’améliore depuis 35 ans. Ce n’est pas quelque chose de nouveau », note l’économiste Pierre Fortin. En juin, il a publié un texte remarqué dans Les nouvellesqui notait qu’en tenant compte du coût de la vie, les Québécois étaient, l’an dernier, 3% plus riches que les Ontariens, alors qu’ils étaient 15% plus pauvres qu’eux en 1989.

Un « génie »


Capture d’écran, TVA News

Déclaration de François Legault : « Pierre est un génie des transactions financières. »

En 2019, Pierre Fitzgibbon a créé une nouvelle forme d’aide financière aux entreprises : le prêt « pardonnable ». Celui-ci permet à un bénéficiaire de ne pas rembourser une partie du prêt s’il remplit certaines conditions fixées à l’avance (et tenues secrètes par l’État). M. Fitzgibbon s’est également démarqué de ses prédécesseurs en réalisant plusieurs investissements dans des fonds privés aux activités opaques ainsi que des placements insolites. Il a notamment orchestré, en 2022, un investissement secret de 135 millions de dollars dans Lightspeed afin de soutenir le cours de l’action de l’entreprise montréalaise et de l’aider à se maintenir au Québec. Cet investissement vaut actuellement 76 millions de dollars.

« Les compétences financières ne permettent pas forcément de comprendre les leviers du développement économique », ironisait hier un observateur chevronné qui s’est entretenu avec le Journal sous le couvert de l’anonymat.

Le secteur des batteries


Photographie Pierre-Paul Poulin

Déclaration de François Legault : « Dans 10 ans, 20 ans, nous dirons : «Wow, l’industrie des batteries au Québec offre des emplois de qualité à nos jeunes« .»

Même si Lion Électrique vient de réduire de 30 % ses effectifs et que Taïga est à l’abri de ses créanciers, on s’attend tout de même à ce que les grands projets du secteur émergent créent des emplois au Québec, assurent les entreprises du Québec. Journal.

L’usine de Northvolt, qui devait commencer à fabriquer des cellules de batterie en 2026, pourrait retarder d’un an et demi le démarrage de ses activités, selon Québec. L’entreprise préfère parler de «revue stratégique». À Bécancour, l’usine de matériaux cathodiques EcoPro CAM et Ford, qui a mis ses travaux en pause à deux reprises, suscite l’inquiétude des riverains, qui craignent «un éléphant blanc».

Nemaska ​​Lithium, autrefois qualifiée de «brevet pour enfants» par Pierre Fitzgibbon dans son ancienne version, promet toujours 500 emplois malgré plusieurs retards et restructurations. À Sayona, la seule mine de lithium active au Québec, on garde le cap, malgré une chute soudaine de 30 % en Bourse après une annonce de son principal actionnaire, Piedmont Lithium, en février dernier.

Dans cette course mondiale, le Québec veut s’affirmer avec 11 projets au total, parmi lesquels on compte également ceux de Nouveau Monde Graphite, Ultium-CAM, Volta et Lithion.

Investissements

Déclaration de François Legault : Pierre Fitzgibbon a « considérablement augmenté les investissements des entreprises ».

Selon Statistique Canada, les dépenses en immobilisations, en construction non résidentielle, en machinerie et en équipement ont augmenté de 25 % au Québec de 2021 à 2023. Cela se compare à une augmentation de 14 % en Ontario et de 23 % dans l’ensemble du Canada.

Les investissements publics, notamment ceux d’Hydro-Québec, ainsi que les investissements étrangers, stimulés par les interventions d’Investissement Québec (IQ) et d’organismes comme Montréal International, ont contribué à cette croissance.

Zones d’innovation

Déclaration de François Legault : « Pierre a réussi à ouvrir des champs d’innovation. C’est une grande réussite. »

Depuis 2020, le gouvernement a créé quatre zones d’innovation, un concept inspiré de la Silicon Valley qui vise à stimuler la collaboration entre les centres de recherche et les entreprises. Il en existe une en sciences quantiques à Sherbrooke, une en systèmes électroniques intelligents à Bromont, une autre à Bécancour, Shawinigan et Trois-Rivières pour le secteur des batteries et une quatrième en aérospatiale dans la région de Montréal. Une autre zone était en projet à Gatineau, mais le projet n’a pas vu le jour faute d’investissements privés.

« C’est effectivement un grand accomplissement, c’est très important d’envoyer les ressources au bon endroit », a commenté Mehran Ebrahimi, professeur à l’UQAM. « Mais on ne peut pas l’attribuer uniquement à M. Fitzgibbon, ce sont des projets qui étaient dans l’air depuis longtemps. »

Investissement Québec


Photographie Agence QMI, Roger Gagnon

Déclaration de François Legault : « Il a réformé le fonctionnement d’Investissement Québec. »

La réforme IQ, entrée en vigueur en 2020, a notamment permis à l’entreprise publique d’investir davantage dans les start-up et d’accroître sa capacité à accompagner le ministère de l’Économie dans de nombreux dossiers politiques, comme celui de Northvolt.

Tout cela a un prix. L’an dernier, le gouvernement a versé à IQ 140 millions $ en frais de gestion, soit près de quatre fois plus qu’en 2018-2019. La rémunération des employés et des dirigeants de la société d’État a augmenté de façon importante. Quant aux emprunts du Québec pour financer l’aide aux entreprises, ils sont passés de 4,4 milliards $ en 2019 à 6,1 milliards $ en 2023, soit un bond de 39 %.

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