Nouvelles locales

La confiance dans la parole du syndicat est un atout – Chronique de Maryse Dumas – 6 septembre 2024

Il existe un dicton qui conseille de « ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier ». Il semble avoir été conçu pour cette rentrée. D’un côté, le déni démocratique du président de la République appelle à de fortes mobilisations citoyennes. De l’autre, les revendications sociales nécessitent des réponses rapides et positives qui ne peuvent être gagnées que par l’action. Chacun de ces domaines suscite des préoccupations certes complémentaires mais qui ne se recoupent pas complètement et ne font pas appel aux mêmes motivations. La plupart des militants sont motivés par l’un ou l’autre des sujets, mais au-delà, ce n’est pas forcément le cas de tous.

Mais il faut absolument élargir le nombre de ceux qui s’engagent et qui agissent. D’où l’intérêt de construire chacune des initiatives à partir de sa propre dynamique. C’est à cela que conduit la décision de la CGT d’organiser une journée nationale de lutte interprofessionnelle et intersyndicale le 1ereuh Octobre sur des revendications sociales, et pour soutenir, sans les co-organiser, celles prévues par les partis politiques de gauche pour contraindre le président de la République à respecter la voix des urnes.

La crédibilité du syndicalisme plus décisive que jamais

L’histoire montre que l’adéquation entre luttes politiques et luttes sociales est beaucoup plus rare qu’on ne le dit souvent. Il est par exemple évident que les 70 % de Français opposés à la retraite à 64 ans, ainsi que ceux – moins nombreux – qui se sont mobilisés dans la rue et les grèves, n’ont pas voté de la même manière en juin. A l’inverse, la revendication de voir son salaire augmenté dépasse les partis politiques qui en font un élément de leur programme. La responsabilité du syndicalisme est justement de permettre aux salariés de se mobiliser sur la base de leurs intérêts et de leurs revendications, quelles que soient leurs « opinions politiques, philosophiques ou religieuses » comme le stipulent les statuts historiques de la CGT, et de plusieurs autres syndicats.

Dans cette rentrée de grande confusion politique, la crédibilité du syndicalisme à intervenir de manière autonome sur les questions clés sera plus que jamais déterminante. Elle a déjà contribué à la constitution du NFP et à la barrière républicaine qui, en juin, a empêché, au moins temporairement, le RN d’arriver au pouvoir. La bataille syndicale menée avec énergie a eu un effet certain sur le vote des salariés. Ainsi l’enquête « sortie des urnes » de l’institut Harris Interactive révèle que le vote RN, qui a augmenté, au niveau général, entre le 9 et le 30 juin, est en revanche tombé de 23% à 19% parmi les salariés proches d’un syndicat (à 17% parmi ceux proches de la CGT ou de la CFDT). Par ailleurs, 40% des salariés sympathisants d’un syndicat (61% des sympathisants CGT) ont voté pour le NFP le 30 juin, le plaçant en tête des votes des sympathisants de tous les syndicats sauf la CFE-CGC.

Un tel résultat n’aurait pu être obtenu sans la confiance dans la voix syndicale, même si elle pèse moins qu’auparavant. C’est cette confiance qu’il faut préserver pour que le syndicalisme puisse jouer son rôle. Son unité, sa cohérence, sa persévérance et sa pugnacité sont les meilleurs atouts pour imposer des réponses rapides aux attentes sociales et, ce faisant, créer un rapport de force et une nouvelle donne qui permettront à notre pays de sortir de l’ornière dans laquelle la politique de Macron l’a plongé.

New Grb1

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
Bouton retour en haut de la page