LL’information a circulé à la tombée de la nuit, lundi 29 novembre : la commission parlementaire paritaire (CMP) chargée de travailler sur la régulation des meublés d’hébergement touristique est « concluante ». Sachez que les députés et sénateurs réunis au sein de cette instance (1) ont trouvé un consensus sur la proposition (PPL) de loi dédiée au rééquilibrage de la fiscalité entre locations saisonnières de courte durée et locations à l’année. Le texte propose de mettre fin à la niche fiscale dite « Airbnb », du nom de la principale plateforme publicitaire de locations meublées.
La députée Renaissance du Finistère Annaïg Le Meur et sa collègue socialiste des Pyrénées-Atlantiques Iñaki Echaniz, portent ce texte transpartisan. Son article 3 aborde la très attendue question fiscale. A ce jour, les locataires de meublés de tourisme non classés appliquent une réduction d’impôt de 50 % sur les revenus de cette activité, dans la limite de 77 000 euros. Ceux qui louent un logement meublé dit « classé », avec un niveau de prestation supérieur, peuvent déduire 71 % dans la limite de 188 000 euros. Le bailleur classique d’appartements « nus », qui propose un hébergement longue durée aux familles, est limité à 30 %. Le projet de loi réduit la première catégorie à 30 %, jusqu’à 15 000 euros, la seconde à 50 %, jusqu’à 77 700 euros.
Dans le bon sens
Cette version livrée en CMP réduit l’effet d’aubaine pour les loueurs ponctuels. Et espère limiter l’effondrement du marché locatif par ces rendements déconnectés des réalités sociales. Cependant, Iñaki Echaniz déplore une version encore trop basse. « Même si le CMP est concluant, il reste un point de désaccord avec les sénateurs qui ont refusé de baisser encore le taux de réduction pour les hébergements touristiques classés. Nous espérions 40 % au lieu de 50 %. Cela aurait permis de s’aligner sur le barème pour lequel le gouvernement s’est engagé à fixer la réduction à 40 %, au lieu de 30 % aujourd’hui. » Le cas de ces locations longue durée n’est pas entré dans les débats de la commission paritaire, mais sera inscrit dans le projet de loi de financement.
Je pense qu’il faut parvenir à un alignement des tarifs, et donc à la suppression de tout avantage comparatif pour la location saisonnière.
Le sénateur Les Républicains Max Brisson a soutenu devant son peuple le projet de loi Echaniz/Le Meur. Dans un communiqué, il n’est pas d’accord parmi les sénateurs : « Je pense qu’il faut parvenir à un alignement des tarifs, et donc à la suppression de tout avantage comparatif pour les locations saisonnières. » Il milite pour « porter la réduction sur les locations nues longue durée à 50 % ou 40 % ». Ou encore « réduire le tarif appliqué aux locations meublées classées et le ramener vers celui applicable aux locations vides ».
Des maires renforcés
Biarrot salue le « plus grand pouvoir réglementaire donné aux maires ». « Une belle victoire », savoure Iñaki Echaniz. L’article 2 du projet de loi étend à toutes les communes le principe de l’autorisation préalable pour tout changement d’affectation d’un logement. Partout, les premiers magistrats doivent être consultés avant de pouvoir transformer des hébergements à l’année en hébergements touristiques. Le même article va beaucoup plus loin : « Les communes pourront décider des quotas de meublés de tourisme par secteur et désigner dans les plans locaux d’urbanisme (PLU) des zones réservées à la construction de résidences principales. »
Ils observent les propriétaires qui déclarent des résidences secondaires comme résidences principales pour éviter toute indemnisation
Autre nouveauté pour les maires : la réduction de 120 à 90 jours de la possibilité maximale de louer sa résidence principale comme hébergement touristique. Une disposition particulièrement inspirée des discussions avec les maires de Biarritz et Bayonne, Maider Arosteguy et Jean-René Etchegaray. « Ils observent les propriétaires qui déclarent les résidences secondaires comme résidences principales pour éviter toute indemnisation (2). » Avec un mois de latitude en moins, ce type de fraude tentera moins de resquilleurs.
Le 5 novembre, le PPL réécrit reviendra au Sénat et le 7 à l’Assemblée nationale. Mais pour une simple lecture, avant le vote des parlementaires. L’approche négociée de la commission mixte devrait protéger le texte des pièges législatifs.
(1) Le passage en commission mixte paritaire accélère le processus législatif en recherchant un compromis négocié sur un texte, entre sénateurs et députés. Si ce compromis est trouvé, le texte est voté sans autre débat parlementaire.
(2) Ou la réglementation intercommunale qui soumet le transfert d’une location longue durée à l’offre touristique à la création d’un logement équivalent.
La courte durée n’échappera pas au diagnostic énergétique
La proposition de loi généralise l’obligation de diagnostic de performance énergétique pour les locations de courte durée, ce qui n’est pas le cas actuellement. Il s’agit d’éviter « l’envolée des locations longue durée vers les meublés de tourisme ». L’objectif d’une classification énergétique D au plus tard en 2034 est fixé.