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« La compulsion sexuelle du clerc catholique semble indubitable »

LLe rapport d’Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre sur les agressions sexuelles imputées à l’abbé Pierre ne nous a pas surpris, anciens membres de l’équipe de recherche socio-historique de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (CIASE). En effet, lors de notre enquête (2019-2021), nous avons eu des informations établissant qu’Henri Grouès – l’abbé Pierre – avait commis des actes violant la civilité et les bonnes mœurs, la législation pénale et les préceptes canoniques.

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Les archives du Centre national des archives de l’Église de France contiennent des documents des années 1950-1960 sur les compulsions sexuelles de l’abbé Pierre, déjà présentées par Axelle Brodiez-Dolino dans son livre Emmaüs et l’abbé Pierre (Presses de Sciences Po, 2009). L’angle de la violence nous invite à lire autrement ces données et certains épisodes de la vie de l’abbé. Entre 1954 et 1955, des informations sur son comportement parvinrent aux oreilles épiscopales.

Profitant de ses problèmes de santé réels, les évêques informés lui imposent un traitement médical, puis psychiatrique en Suisse (1957-1958). Les prêtres déviants sont habituellement pris en charge en France par le Secours sacerdotal, La délocalisation suggère donc à quel point l’affaire est prise au sérieux. Quant à sa retraite spirituelle à Beni Abbès (1961), elle s’inscrit dans la logique de la réforme comportementale appliquée par l’Eglise aux prêtres déviants et aux agresseurs sexuels.

Parmi les quelque 1.200 témoignages traités par notre équipe, trois mettent en cause l’abbé Pierre. Selon le premier, vers 1980, l’abbé Pierre aurait saisi le sein d’une femme travaillant à Emmaüs et posé sa tête sur son épaule. Une quinzaine d’années plus tard, il aurait récidivé. Selon le deuxième témoignage, en février 1981, une jeune femme, après une conférence de l’abbé Pierre à Namur (Belgique), aurait été la dernière à pouvoir obtenir une dédicace de l’abbé Pierre. Alors qu’elle lisait la dédicace, il se serait jeté sur elle, lui aurait saisi le sein, l’aurait embrassée sur la bouche à pleine langue et aurait pris la fuite.

Selon le troisième témoignage, en 1989-1990, une femme en situation personnelle difficile aurait sollicité l’aide de l’abbé Pierre à l’abbaye de Saint-Wandrille (Seine-Maritime). Il l’aurait aidée matériellement, puis aurait utilisé d’elle : relations sexuelles, masturbation devant elle, fellation, flagellation, proposition de plan à trois avec une autre femme.

Les informations correspondent

Ces trois témoignages concordent. Leurs auteurs précisent leur identité et leurs coordonnées. Il ne semble pas y avoir eu de consultation préalable. Les informations concordent avec ce qui est dit sur les agressions sexuelles de l’abbé Pierre (compulsivité, focalisation sur les seins). Elles mériteraient cependant une vérification précise.

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Cammile Bussière

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