La Commission européenne confirme sa volonté d’imposer une surtaxe de 5 ans aux voitures électriques chinoises
Dans un communiqué publié mardi 20 août, la Commission européenne a confirmé son ambition d’imposer une surtaxe sur les voitures électriques en provenance de Chine pendant cinq ans.
Une mesure de « protectionnisme » décriée par Pékin. La Commission européenne a annoncé, ce mardi 20 août, dans un communiqué, son intention d’imposer pendant cinq ans une surtaxe sur les voitures électriques construites en Chine. Bruxelles entend ainsi ajouter à la taxe de 10% déjà en place une surtaxe pouvant aller jusqu’à 36% pour les importations de véhicules électriques chinois.
Aujourd’hui, nous avons dévoilé aux parties intéressées le projet de décision visant à imposer des droits compensateurs définitifs sur les importations de véhicules électriques à batterie en provenance de Chine.
L’UE reste ouverte à la recherche d’une solution efficace avec les autorités chinoises dans le respect des règles de l’OMC.
— Commission européenne (@EU_Commission) 20 août 2024
Les droits de douane s’appliqueront d’ici fin octobre pour cinq ans, sous réserve de l’approbation des 27 Etats membres de l’Union européenne, divisés sur le sujet. Ils remplaceront alors des taxes provisoires décidées début juillet, qui s’élevaient jusqu’à 38%, a précisé la Commission.
Le constructeur américain Tesla, qui possède ses propres usines en Chine, a bénéficié d’un taux « individuel » de 9%, inférieur en raison du niveau moindre de subventions perçues par la marque créée par Elon Musk, a précisé Bruxelles.
L’essentiel du soutien de Pékin à la production locale des modèles Y et 3 prend la forme de fourniture de batteries à un prix inférieur à celui du marché, a déclaré un responsable européen.
La Chine met en garde contre le risque d’une « escalade des tensions commerciales »
En réponse à cette annonce, la Chine a déclaré qu’elle s’opposait « vigoureusement » à ces mesures, appelant l’UE à prendre des « mesures concrètes » et des « solutions appropriées pour éviter une escalade des frictions commerciales ».
Cette nouvelle guerre des mots s’inscrit dans le cadre des tensions commerciales croissantes entre l’Occident et la Chine, accusée également de détruire la concurrence dans d’autres secteurs : éoliennes, panneaux solaires, batteries.
La Chine a déjà annoncé mi-juin une enquête antidumping sur les importations de porc européen, après une enquête lancée en janvier sur les spiritueux de vin de l’UE (dont le cognac). Vins, produits laitiers et voitures de grande puissance sont également dans son viseur, selon la presse chinoise.
En juillet dernier, la Commission européenne avait réagi en annonçant l’imposition de taxes temporaires sur les voitures électriques chinoises. La Chambre de commerce chinoise dans l’UE avait alors mis en garde contre les conséquences « négatives » sur les relations entre Pékin et Bruxelles, dénonçant un « protectionnisme déguisé ».
« Les effets négatifs de cette décision dépassent les bénéfices possibles », regrettait Volkswagen en juillet dernier. Outre ce constructeur allemand, l’ensemble de l’industrie automobile allemande s’est opposée à cette mesure en raison de son immense poids en Chine, où elle réalise près de 40 % de ses ventes mondiales.
L’industrie automobile emploie 14,6 millions de personnes dans l’UE
Avec cette mesure, l’UE espère protéger une industrie automobile qui emploie 14,6 millions de travailleurs. Elle espère néanmoins éviter un conflit meurtrier avec son deuxième partenaire économique après les États-Unis.
Défenseur des moteurs essence et diesel, l’industrie automobile européenne craint de voir ses usines disparaître si elle ne parvient pas à endiguer la montée en puissance annoncée des modèles électriques chinois. Pékin a pris les devants en investissant depuis longtemps dans les batteries.
Dans l’UE, le marché est en plein boom à l’approche de l’interdiction de vente de véhicules neufs à moteur thermique en 2035. Pourtant, les véhicules électriques chinois représentent 22 % du marché européen, contre 3 % il y a trois ans, selon les estimations du secteur. Les marques chinoises occupent actuellement 8 % des parts de marché sur le Vieux Continent.