Des deux côtés du Rhin, les mêmes causes n’ont pas produit les mêmes effets. Alors que les partis au pouvoir à Paris et Berlin ont été tout aussi sévèrement sanctionnés le 9 juin lors des élections européennes, Olaf Scholz est bien moins affaibli qu’Emmanuel Macron. D’abord parce que l’appel à des législatives anticipées, lancé le 9 juin au soir par une partie de l’opposition conservatrice, a fait long feu. Ensuite parce que M. Scholz est parvenu, vendredi 5 juillet, à trouver un accord sur le budget 2025 avec ses partenaires écologistes et libéraux. Autrement dit, à sauver sa coalition.
Ces dernières semaines, les négociations ont été intenses entre le Parti social-démocrate (SPD) du chancelier allemand et les deux autres composantes de sa majorité, les Démocrates libres (FDP) du ministre des Finances Christian Lindner et les Verts du vice-chancelier et ministre de l’Economie Robert Habeck. Ce n’est que vers 5 heures du matin vendredi que les trois hommes ont achevé leurs négociations, avant de présenter le fruit de leur compromis à la presse à la mi-journée.
Comme l’a demandé M. Lindner, le projet de budget répond aux exigences de la « frein à l’endettement »Cette disposition inscrite dans la Constitution depuis 2009 et qui limite le déficit structurel annuel de l’Etat fédéral à 0,35%. Mais elle vise aussi à stimuler la croissance. Grâce à des allègements fiscaux pour les entreprises du secteur de la recherche et du développement ainsi que pour les retraités qui cumulent leur retraite avec une autre activité, mais aussi via des mesures incitatives pour les chômeurs de longue durée à retrouver un emploi, le gouvernement allemand espère relancer une croissance actuellement en baisse. Alors qu’elle était jusqu’alors estimée à 1% pour 2025, M. Scholz espère que, grâce à ces différentes mesures, elle sera de 1,5% en 2025, et de 1,6% pour les quatre années suivantes.
Les milieux économiques peu enthousiastes
Les chiffres sont une chose. Mais vendredi, devant la presse, le chancelier allemand a surtout tenu à délivrer un message politique. L’Allemagne, a-t-il insisté, veut être un « pôle de stabilité » au milieu d’un monde en crise. « C’est avec inquiétude que j’attends le résultat des élections législatives en France, après les récentes poussées enregistrées par les partis d’extrême droite aux Pays-Bas, en Belgique et en Scandinavie »M. Scholz l’a déclaré vendredi à Berlin.
Faisant référence aux élections législatives françaises et à la campagne présidentielle aux États-Unis, M. Habeck a souligné que le gouvernement allemand était désireux de « Ne pas prendre les choses à la légère en ces temps troublés, mais vouloir faire de l’Allemagne un pays qui incarne à la fois la stabilité et la fiabilité sur le continent européen. »
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