La classe politique fracturée après l’exclusion du RN de « l’arc républicain » par Antoine Armand
Mardi, le ministre de l’Economie Antoine Armand a confirmé l’exclusion du RN de « l’arc républicain » avant de rétropédaler sous la pression de Michel Barnier. Une séquence qui a provoqué une pluie de réactions de la classe politique.
Les membres du gouvernement de Michel Barnier avaient été prévenus. « sous surveillance » du Rassemblement national (RN), les ministres étaient détenus par les lepénistes de « respect » leurs élus et leurs électeurs, sous peine d’être renversé par une motion de censure. Une menace à laquelle le nouveau ministre de l’Economie, Antoine Armand, est resté sourd, préférant agir sur l’exclusion du RN du« arc républicain »Mardi, sur France Inter, le successeur de Bruno Le Maire a expliqué que sa porte « restera toujours ouvert, avec le Parti socialiste, avec les écologistes, avec les communistes ». Et s’il a même étendu cet arc à La France insoumise (LFI), il a résolument écarté le parti à la flamme. « Le Rassemblement National, contre lequel nous avons été élus, contre lequel nous avons fait un front républicain n’a pas sa place là, nous devons être très clairs à ce sujet »il a décidé.
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Une sortie qui a relancé le débat, jamais tranché, sur la portée de l’«arc républicain». Preuve de la sensibilité du sujet dans la Macronie, dont les définitions de la notion n’ont cessé d’évoluer, la ministre Agnès Pannier-Runacher, invitée de la matinale de TF1 ce mercredi, a refusé de se positionner clairement. Tout en laissant transparaître sa sensibilité de gauche : « Le Rassemblement national porte des idées dangereuses pour le pacte républicain ». Mais, comme pour éviter d’attiser la polémique qui vise déjà le gouvernement, le ministre a tenu à préciser : « En tant que ministre, c’est mon travail. Je dois recevoir tout le monde. Recevoir quelqu’un ne signifie pas adhérer à ses idées. »
Gérard Larcher, un partisan de la coalition gouvernementale, a déclaré que les lepénistes « sont des députés comme les autres députés ». Invité sur France Inter ce mercredi matin, le président du Sénat Les Républicains (LR) a jugé « logique »ou même « légitime » que « Le Premier ministre et le gouvernement s’adressent à tous les parlementaires. » Avant d’apporter son soutien total à Michel Barnier : « Je partage, j’allais dire non pas le recadrage, mais la précision qu’il a apportée. »
« Michel Barnier dépend de Marine Le Pen »
Ce « recadrage »Antoine Armand y a eu droit dans la foulée de sa déclaration. Le Premier ministre lui a ordonné de rectifier le tir auprès du RN via un communiqué. Dans un retour en arrière à peine voilé, le ministre de l’Economie a assuré qu’il « recevra toutes les forces politiques représentées au Parlement. » Un communiqué doublé d’un appel téléphonique de Michel Barnier à Marine Le Pen. Au cours de cet échange, le Matignonien lui a confirmé qu’elle serait reçue dans les prochains jours par le ministre des Finances au même titre que les autres partis politiques. Il faut dire que la cheffe des députés RN n’a pas manqué de manifester son agacement mardi, sur LCI : « Quand j’entends Antoine Armand dire que sa porte est fermée au RN à mesure que le budget arrive Je pense que le Premier ministre devrait aller expliquer à ses ministres la philosophie de son gouvernement parce qu’il semble que certaines personnes n’ont pas encore tout compris.
Mais, là aussi, les nouvelles communications établies entre le Premier ministre et le patron des députés RN ont suscité l’ire de certains responsables politiques. « Ce qui est grave, ce n’est pas que M. Barnier ait réprimandé un ministre. Ce qui est grave, c’est qu’il ait appelé Mme Le Pen, car cela révèle ce que nous savons déjà : que le gouvernement de M. Barnier dépend de Mme Le Pen. »Député socialiste de Corrèze depuis le 7 juillet, François Hollande s’est indigné. L’ancien président de la République a résumé l’impasse dans laquelle se trouve le nouveau gouvernement : « M. Barnier ne gouverne pas avec le RN, mais il ne peut pas gouverner sans le RN. »
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