La Chine vers un plan de relance, les élections américaines en tête : Actualités
Les principaux responsables du Parlement chinois se réunissent depuis lundi pour élaborer un plan de relance qui, selon les analystes, pourrait encore se consolider si Donald Trump remporte l’élection présidentielle américaine cette semaine.
Sous la pression de la situation et de celle d’un certain nombre d’économistes, la Chine a annoncé plusieurs séries de mesures ces dernières semaines, notamment des baisses de taux et l’assouplissement des restrictions sur l’achat de logements.
Après une envolée boursière alimentée par l’espoir d’un grand plan de relance, l’optimisme a quelque peu retombé face à des promesses et des politiques jugées pas assez fortes par les marchés – qui espéraient un investissement quantifié important.
Cette annonce tant attendue arrivera-t-elle cette semaine ?
Les analystes ont les yeux rivés sur la réunion, qui s’est ouverte lundi, du « Comité permanent de l’Assemblée populaire nationale », l’organe suprême du Parlement, présidé par Zhao Leji – le numéro trois du gouvernement chinois.
Cette commission permanente doit examiner et approuver toute législation, notamment celle relative au budget.
« Nous attendons plus de détails sur les propositions qui seront adoptées », a déclaré Heron Lim, analyste chez Moody’s Analytics, notamment « sur la manière dont ce financement supplémentaire serait alloué pour résoudre les problèmes économiques à court terme ».
Les économistes de Nomura s’attendent à ce que les législateurs approuvent cette semaine un budget supplémentaire d’environ 1 000 milliards de yuans (129 milliards d’euros), destiné principalement aux gouvernements locaux endettés.
– L’effet Trump –
Les analystes anticipent également une aide exceptionnelle de 1 000 milliards de yuans de la part de Pékin aux banques pour résoudre le problème des prêts non performants au cours des quatre dernières années.
« Beaucoup d’argent va servir à couvrir les pertes », souligne Alicia Garcia Herrero, de Natixis.
« Il ne s’agira pas vraiment de stimuler la croissance. »
De potentielles mesures concrètes devraient être annoncées vendredi, à l’issue de la réunion. D’ici là, les résultats de la lutte entre Donald Trump et Kamala Harris pour la Maison Blanche devraient être connus.
« Nous pensons que les résultats des élections américaines auront une certaine influence sur l’ampleur du plan de relance de Pékin », a déclaré Ting Lu, économiste en chef de Nomura pour la Chine, dans une note.
Profitant du sentiment anti-chinois au sein de la classe politique américaine, les deux candidats se sont engagés à continuer de mettre Pékin sous pression. Donald Trump a promis d’imposer des droits de douane de 60 % sur tous les produits chinois entrant aux États-Unis.
Chez Nomura, on s’attend donc à ce que la Chine ajuste ses mesures de relance en fonction du résultat électoral.
« L’ampleur des mesures de relance budgétaire (…) pourrait être de 10 à 20 % plus élevée en cas de victoire de Trump », écrit Ting Lu.
Mais « les principaux défis pour Pékin viennent de Chine plutôt que de l’étranger », souligne-t-il.
– « Mauvaise répartition » –
La Chine est confrontée à une consommation des ménages atone, à une crise immobilière et à une dette publique galopante. Tous ces facteurs menacent l’objectif d’augmentation du PIB « d’environ 5 % » que le gouvernement s’est fixé pour 2024.
Longtemps moteur de croissance essentiel pour le géant asiatique, l’immobilier est aujourd’hui aux prises avec l’endettement élevé des promoteurs.
Le prix moyen des logements neufs a légèrement augmenté le mois dernier, selon la China Index Academy, après plusieurs années de baisse.
Mais de nombreuses propriétés sont encore inachevées ou invendues. Leur rachat pourrait coûter à Pékin jusqu’à 3.300 milliards de yuans (426 milliards d’euros), selon les estimations de Natixis.
La situation de l’immobilier pèse sur la confiance des ménages.
« Le consommateur chinois moyen qui bénéficie d’un crédit immobilier n’a pas l’impression que son pouvoir d’achat augmente », souligne Heron Lim de Moody’s Analytics.
L’épineuse question de la gestion de la dette des collectivités locales sera également à l’ordre du jour de la réunion de cette semaine.
Mais les difficultés économiques de la Chine ne se limitent pas aux logements vides et à la baisse de la consommation.
« L’économie dans son ensemble perd en productivité à cause d’une mauvaise répartition de l’argent public », constate Alicia Garcia Herrero, notamment en matière de politique industrielle et de subventions.
« Il faut vraiment changer tout cela », souligne-t-elle.
publié le 4 novembre à 5h00, AFP