La Chine saisit l’OMC à propos des surtaxes de l’Union européenne
La Chine a annoncé, mercredi 30 octobre, avoir saisi l’Organisation mondiale du commerce (OMC) après la décision. « protectionniste » de l’Union européenne (UE) pour imposer des surtaxes douanières sur les voitures électriques importées du pays asiatique. La Commission européenne a adopté mardi le règlement instituant ces droits de douane supplémentaires à l’encontre de ces véhicules, qu’elle accuse de créer une concurrence déloyale.
Malgré l’hostilité de l’Allemagne, Bruxelles a décidé d’ajouter à la taxe de 10 % déjà en place une surtaxe pouvant aller jusqu’à 35 % sur les voitures à batterie de fabrication chinoise. La décision, qui s’applique pendant cinq ans, a été publiée mardi soir dans Journal officiel de l’Union européenne et devrait entrer en vigueur mercredi.
« La Chine n’approuve ni n’accepte cette décision. Elle a déposé une plainte auprès du mécanisme de règlement des différends de l’Organisation mondiale du commerce.a annoncé un porte-parole du ministère chinois du Commerce. « La Chine continuera à prendre toutes les mesures nécessaires pour sauvegarder fermement les droits et intérêts légitimes des entreprises chinoises »a-t-il souligné, dénonçant « l’approche protectionniste » de l’UE.
L’objectif affiché de Bruxelles est de rétablir des conditions de concurrence équitables avec les constructeurs qu’elle accuse de bénéficier des subventions publiques chinoises. Il s’agit de défendre l’industrie automobile européenne et ses quelque 14 millions d’emplois contre des pratiques jugées déloyales par une longue enquête de la Commission.
La Chine menace de porter atteinte aux intérêts européens
La part de marché des voitures électriques chinoises a explosé dans l’UE, passant de moins de 2 % en 2020 à plus de 14 % au deuxième trimestre de cette année, selon les chiffres de l’exécutif européen. « Nous valorisons la concurrence, mais elle doit être fondée sur des règles de concurrence équitables »a déclaré le commissaire commercial Valdis Dombrovskis, qualifiant « proportionné » Et « ciblé » Mesures européennes.
Jusqu’au dernier moment, il s’est entretenu avec le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao, pour tenter de trouver une solution négociée. En vain. Les deux parties sont toutefois convenues de poursuivre les consultations : les surtaxes pourraient être supprimées si un accord était trouvé sur d’autres moyens de compenser les dommages identifiés par l’enquête européenne.
« La Chine a toujours préconisé de résoudre les différends commerciaux par le dialogue et la consultation.a assuré mercredi le ministère chinois du Commerce. Nous espérons que l’UE travaillera de manière constructive avec la Chine, suivra les principes de pragmatisme et d’équilibre, prendra en compte les principales préoccupations de chacun, afin de parvenir à une solution dans les plus brefs délais. »
La Chine avait menacé de porter atteinte aux intérêts européens. Elle a déjà réagi en ouvrant des enquêtes antidumping ciblant la viande de porc, les produits laitiers et les spiritueux à base de vin importés d’Europe, dont le cognac.
L’Allemagne et quatre autres pays (Hongrie, Slovaquie, Slovénie et Malte) ont voté contre le projet fiscal de la Commission, sans parvenir à rassembler la majorité nécessaire pour le rejeter. L’UE prend le risque de déclencher une « conflit commercial »a réagi le lobby automobile allemand. Les fleurons automobiles du pays, fortement implantés en Chine, premier marché mondial, craignent d’en payer le prix.
Une décision « politiquement motivée »
Les surtaxes avaient reçu le soutien de dix États membres, dont la France, l’Italie et la Pologne. Douze autres pays se sont abstenus, dont l’Espagne et la Suède. « L’UE prend une décision cruciale pour la protection et la défense de nos intérêts commerciaux »s’est félicité le ministre français de l’Économie, Antoine Armand.
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Mais, en France aussi, l’approche de l’UE inquiète les milieux économiques. L’interprofession du cognac s’est plainte d’être « abandonné »estimant que son secteur était « sacrifié » dans un conflit commercial qui ne la concerne pas. La Chambre de commerce chinoise auprès de l’UE, qui représente les entreprises chinoises en Europe, a condamné mardi la décision, la qualifiant de « politiquement motivé ».
Cette escarmouche sino-européenne s’inscrit dans un contexte plus large de tensions commerciales entre l’Occident, mené par Washington, et la Chine, qu’ils accusent de pratiques anticoncurrentielles dans plusieurs secteurs, comme les éoliennes et les panneaux solaires.
En Europe, le montant des surtaxes variera selon les constructeurs en fonction du niveau estimé des subventions reçues. Dans le détail, les taxes supplémentaires s’élèveront à 7,8% pour les voitures Tesla fabriquées à Shanghai, 17% pour BYD, 18,8% pour Geely et 35,3% pour SAIC, selon un document envoyé aux pays membres le 27 septembre. Les enquêtes européennes seront soumises à des surtaxes de 20,7%, contre 35,3% pour celles qui n’ont pas coopéré.