La Chine, qui a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de 1%, peut-elle sauver la planète ?
Après les cinquante médailles remportées par les athlètes français depuis le début des JO 2024, vous souhaitez encore une bonne nouvelle ? Selon les chiffres publiés sur le sérieux site d’information britannique spécialisé dans les questions climatiques, Carbon Brief, la Chine est devenue un bon élève en matière d’émissions de gaz à effet de serre. Au deuxième trimestre de cette année, Pékin a enregistré une baisse de 1 % de ses émissions de CO2. Cela peut paraître peu, mais c’est énorme et c’est une première depuis la fin de la crise sanitaire et de la stricte politique du « zéro Covid ».
Comment la Chine a-t-elle réussi cet exploit ?
Ces chiffres encourageants sont le résultat de la politique du gouvernement chinois visant à promouvoir la transition énergétique, qui comprend des investissements massifs dans l’énergie solaire, l’énergie éolienne et l’électrification du parc automobile. Le mois dernier, 945 000 modèles hybrides ont été vendus, en hausse de 27,6 % sur un an, selon les chiffres publiés par la Fédération chinoise des constructeurs de voitures particulières (CPCA).
Le revers de la médaille : cette politique d’électrification se fait en partie avec l’énergie du charbon, très polluante. « Malgré tout, quand on voit le niveau d’investissement dans le solaire et le nucléaire, la tendance va aller vers un déclin progressif du charbon », estime François Gemenne, professeur à HEC et auteur principal du 6e rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). En revanche, la Chine connaît un ralentissement du secteur immobilier, et donc de la construction, provoqué par une baisse historique de la natalité. « Il y a donc des mesures politiques et structurelles, mêlées aux effets qui ont été subis », observe le scientifique du GIEC. Tout cela va dans le bon sens.
Le déclin va-t-il se poursuivre ?
Cette baisse doit encore être confirmée sur l’ensemble de l’année car « la demande énergétique de la Chine a augmenté et si cette tendance se poursuit, il sera difficile pour les énergies propres de suivre la courbe », prévient Simon Evans, rédacteur en chef adjoint de Carbon Brief. Ce dernier prévoit néanmoins un ralentissement de la croissance de la demande énergétique et donc une « diminution des émissions de CO2 en 2024 ».
Attention toutefois à l’inversion des courbes. Cela s’est déjà produit par le passé avec l’exemple de la Suède. Longtemps pionnière en matière de politiques limitant les émissions de gaz à effet de serre, elle a fait machine arrière sous la pression d’une extrême droite montante. « Le gouvernement a renoncé à toute une série de mesures de décarbonation et la courbe du pays est repartie à la hausse l’an dernier », souligne François Gemenne. Et d’ajouter : « contrairement à ce qu’on imagine, une fois lancée, elle peut aussi reculer. »
Qu’est-ce que cela signifie pour la planète ?
Il s’agit d’un énorme pas pour l’humanité et la planète, puisque la Chine est le premier émetteur, suivi des États-Unis, de l’Inde et de l’Union européenne, selon les données du gouvernement canadien. Elle est même « responsable d’une plus grande part des émissions totales mondiales de gaz à effet de serre que les États-Unis, l’Union européenne et l’Inde réunis », souligne Simon Evans. « Il n’y a donc aucun moyen de stopper le réchauffement climatique sans une action climatique réussie en Chine », assure-t-il. Si la Chine a bel et bien atteint son pic en 2023, cela signifierait qu’elle l’a fait quatre ou cinq ans avant les projections des scientifiques.
« Compte tenu du rôle moteur de la Chine, un pic puis une baisse de ses émissions pourraient permettre au monde entier d’atteindre le même niveau d’émissions », pointe également Simon Evans. Ainsi, l’objectif d’atteindre la neutralité carbone fixé pour 2050 lors de la COP28 à Dubaï en fin d’année dernière pourrait finalement être atteint d’ici 2030. De quoi souffler un peu.
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D’autant que le reste du monde pourrait suivre le mouvement, inspiré par ce que parvient à faire ce pays pollueur. « Il est certain que beaucoup de gens regardent la Chine pour savoir comment calibrer leurs efforts », estime François Gemenne. De plus, cela envoie « un signal fort » aux autres, notamment à l’Inde. Reste à savoir si cette tendance peut entraîner un effet boule de neige.