La Chine menace l’Europe de représailles commerciales, avant la décision européenne sur les véhicules électriques chinois
Il y aura des conséquences, tout le monde le sait, et la Chine rend la menace de plus en plus forte à mesure que la décision approche. L’Union européenne (UE) doit rendre publiques dans les prochaines semaines les conclusions de son enquête lancée à l’automne 2023 sur les subventions de l’État chinois aux automobiles électriques livrées en Europe.
Cette enquête pourrait conduire à l’adoption de droits de douane majorés, embarrassants pour les marques chinoises qui ont déjà vu leurs portes fermées au marché américain, après l’annonce le 14 mai par Joe Biden du quadruplement des taxes sur leurs importations.
Pékin exerce donc une forte pression sur l’Europe, et s’est adressé aux médias ou aux groupes d’intérêt, et non directement aux ministères, pour menacer de cibler certains secteurs en les listant. Le 18 mai, un compte proche de la chaîne officielle CCTV du réseau social Weibo, l’équivalent chinois de Twitter, prévenait : « L’Union européenne lance enquête sur enquête et la Chine a des raisons de contre-attaquer. » Le compte, Yuyuantantian, cite dans un long article un avocat chinois, Shen Qian, qui note : « L’UE est très dépendante du marché chinois pour les produits agricoles, notamment le vin, les produits laitiers, etc. » Et ensuite : « Le marché chinois est aussi un débouché pour des secteurs comme l’aéronautique. »
Une menace sans fard
Le mardi 21 mai, c’est le quotidien de l’État Temps mondial qui cite un responsable du Centre de recherche et de technologie automobile, Liu Bin, appelant à des droits de douane plus élevés sur les véhicules de grande cylindrée dotés de moteurs de plus de 2,5 litres. Sur ces voitures, les taxes à l’importation pourraient être augmentées à 25% contre 15% actuellement, suggère M. Liu, qui « n’aurait pratiquement rien à voir avec les actions protectionnistes de certains pays et régions ».
Une menace sans fard contre les berlines et SUV des marques allemandes, toujours très présentes en Chine, contrairement aux voitures françaises, italiennes ou espagnoles. Les marques allemandes ont fait beaucoup pour se démarquer de l’enquête européenne ces derniers mois.
Mais la Chine sait cibler les sujets politiquement sensibles dans les Etats membres. Dès janvier, elle avait annoncé une enquête sur les subventions aux spiritueux de vin, c’est-à-dire essentiellement le cognac français. Elle considère que la France est l’un des principaux pays poussant à se protéger contre l’arrivée des voitures chinoises. Emmanuel Macron a offert au président chinois deux bouteilles de cognac lors de sa visite en France les 6 et 7 mai.
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