La Chine demande à ses constructeurs automobiles d’arrêter leurs investissements en Europe
Alors que Bruxelles vient de confirmer la hausse des droits de douane sur les voitures électriques chinoises, Pékin n’a pas manqué de réagir. Le gouvernement demande désormais à ses constructeurs de réduire leurs investissements en Europe, ce qui pourrait remettre en cause plusieurs usines.
Une relation assez ambiguë s’est développée au fil des années entre la Chine et l’Europe. Car depuis quelques temps, de nombreux constructeurs chinois tenter leur chance sur le Vieux Continentcomme on l’a notamment vu lors de la dernière édition de la Coupe du monde de Paris. Et pourtant, cela ne plaît pas du tout à Bruxelles.
La situation devient plus tendue
La Commission européenne multiplie les mesures pour faire obstacle aux marques de l’Empire du Milieu, allant jusqu’à ouvrir une enquête les accusant de concurrence déloyale.
Selon elle, ces derniers bénéficient de subventions accordées par le gouvernement chinois, qui leur permettent deafficher des prix plus bas, au détriment des fabricants traditionnels Européens. Une situation qui a conduit Bruxelles à introduire des droits de douane plus élevés sur les voitures électriques produites en Chine.
Et voilà, hier, l’Union européenne a confirmé une fois pour toutes cette augmentation, qui aura pour effet de faire grimper les prix des véhicules chinois vendus ici. Sauf que les industriels ont une solution : produire ailleurs que dans leur pays d’origine. Cela a déjà commencé avec des usines en Russie et au Brésil, tandis que certains misent également sur l’Europe. C’est le cas de BYD qui va s’implanter en Hongrie ou encore de MG qui souhaite également produire sur le Vieux Continent. Une bonne nouvelle, qui profitera logiquement à l’économie européenne.
Oui, mais tout n’est pas aussi rose que ça. Car Pékin a été piqué au vif par la décision de Bruxelles concernant les taxes à l’importation. Et le gouvernement n’a pas l’intention de permettre que cela se produise. Ce dernier a déjà pris la parole et indiqué avoir contacté l’Organisation mondiale du commerce (OMC) afin d’apporter » action dans le cadre du mécanisme de règlement des différends de l’OMC « . Quelques mois plus tôt, la Chine avait déjà dénoncé cette mesure, contraire aux règles du commerce international.
Mais l’Empire du Milieu veut aller encore plus loin, comme l’indique un article de l’agence de presse britannique. Reuters. Et il ne fait pas les choses à moitié, puisqu’il a simplement demandé à ses constructeurs de réduire, voire d’augmenter arrêter leurs investissements en Europe. Mais ce n’est pas tout, car la Chine a également demandé l’interruption de toutes les discussions sur de nouveaux projets et souhaite désormais uniquement de nouveaux accords sont signés avec Bruxelles.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les constructeurs chinois n’ont pas attendu longtemps avant de réagir. En effet, ceux qui dépendent directement du gouvernement, comme Dongfeng ou Changan a rapidement pris les mesures nécessaires. Le premier vient d’annoncer qu’il a abandonné son projet d’usine en Italietandis que le pays a soutenu la décision européenne concernant l’augmentation des droits de douane. La seconde a de son côté annulé l’événement prévu à Milan pour le lancement de sa jeune marque Deepal, fondée avec CATL et Huawei.
Depuis plusieurs mois, de plus en plus de constructeurs chinois débarquent sur le Vieux Continent, comme BYD ou plus récemment Xpeng, dont nous avons testé le G6. Sans oublier les voitures de marques européennes qui sont produites en Chine, comme la Volvo EX30, qui sera assemblée en Belgique, ou la Dacia Spring. Par ailleurs, selon Reuters, le marché européen représentait plus de 40% des véhicules électriques expédiés en provenance de Chine en 2023. Un chiffre qui devrait encore augmenter en 2024.
Pour l’instant, Geely, SAIC ou encore BYD ne se sont pas prononcés sur le sujet, pas plus que le ministère chinois du Commerce. Mais une chose est sûre, cette décision pourrait nuire à l’industrie automobile européennepuisque les entreprises chinoises pourraient réduire leurs investissements dans les constructeurs implantés sur le Vieux Continent. Or, ces derniers sont déjà dans une situation difficile, en raison de la chute des ventes de voitures électriques en Europe. Désormais, les marques de l’Empire du Milieu pourraient choisir de‘investir dans d’autres payss, comme en Afrique du Sud ou au Mexique par exemple.
Pour aller plus loin
Comment l’Europe s’est tiré une balle dans le pied avec les taxes chinoises sur les voitures électriques