la charnière centrale, la paire Kanté-Rabiot, Thuram en porteur d’eau… Leçons tactiques d’Autriche-France
La préparation avait laissé croire que des changements tactiques seraient visibles dès lundi face à l’Autriche, mais les Bleus ont repris les grandes lignes de ce qui avait fait leur force lors du Mondial 2022.
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Le jeu et la tactique n’étaient pas « priorité » – les mots sont de Kylian Mbappé – lors des discours des Bleus depuis leur arrivée en Allemagne pour l’Euro. Lundi 17 juin, les Bleus ont troqué les micros pour les crampons et ont débuté la compétition par une précieuse victoire après un long combat face à l’Autriche (1-0). Ils étaient « prêts » comme l’assurait Didier Deschamps la veille.
Privé d’Aurélien Tchouameni, encore en convalescence après sa fracture de fatigue au pied gauche, et de Lucas Hernandez, blessé avant l’annonce de la liste, le sélectionneur a dû procéder à quelques changements. Il les a remplacés respectivement par N’Golo Kanté, de retour après deux ans d’absence en compétition officielle, et Theo Hernandez, au profil bien plus offensif que celui de son frère.
« DD » a également décidé de préférer William Saliba à Ibrahima Konaté, partenaire habituel de Dayot Upamecano, en charnière centrale. En alignant cette paire, ce qui était encore inédit avant France-Canada il y a huit jours, le sélectionneur a fait un choix fort. Si Dayot Upamecano dit qu’il a « bien communiqué » avec son partenaire et estimait que son équipe avait « très bien défendu »leur association n’a pas vraiment convaincu.
Leur profil de très bons défenseurs en face-à-face, avec une tendance au retrait avant d’intervenir, était un peu trop similaire pour être complémentaire. Les rappels imprécis de Dayot Upamecano et les interventions timides de William Saliba, toujours aussi peu convaincant lorsqu’il porte le maillot de l’équipe de France, n’ont pas rassuré. Après le match, Didier Deschamps a expliqué qu’il avait fait ce choix car selon lui le défenseur d’Arsenal était « plus en forme » qu’Ibrahima Konaté.
Sachant que ce dernier a effectué une partie de l’entraînement en dehors de jeudi dernier, aux côtés d’Aurélien Tchouameni, la raison était peut-être simplement physique. « Quand je dis que la hiérarchie évolue, c’est parce qu’elle évolue »a insisté l’entraîneur, soucieux d’entretenir le flou, répétant avoir « a besoin de tout le monde » dans ce tournoi. Ses autres choix de la soirée ont apporté satisfaction.
Il n’a pas perturbé autant que prévu la tactique de son équipe. Pas de relance d’une défense à trois avec un Jules Koundé plus central et un Théo Hernandez plus haut et plus large. On retrouve le schéma de la Coupe du monde 2022, avec une défense à quatre et Antoine Griezmann incorporé au milieu de terrain, dans un rôle de meneur de jeu arriéré mais assez libre.
La paire Adrien Rabiot-N’Golo Kanté s’est particulièrement illustrée. Le premier a apporté sérénité, équilibre et autorité au milieu de terrain sans jamais faiblir, malgré une préparation tronquée par des pépins physiques. Le deuxième est reparti avec le trophée de meilleur joueur du match, après une montée en puissance phénoménale en seconde période, alors que tous les autres joueurs commençaient à faiblir. Didier Deschamps s’est félicité de leur massacre sur le pré : « Plus il y a de joueurs dans ce registre – et Antoine sait aussi y faire – (mieux c’est) ».
Au fond, la seule nouveauté tactique résidait dans la répartition des rôles dans le secteur offensif, Marcus Thuram acceptant de faire le travail ingrat pour soulager Kylian Mbappé d’une partie des efforts défensifs. L’attaquant de l’Inter a souvent travaillé comme milieu de terrain gauche, défendant son couloir en phase défensive (tandis que son capitaine restait plus haut dans l’axe). Lorsque les Bleus étaient en possession du ballon, les positions s’échangeaient, avec Kylian Mbappé sur le côté et Marcus Thuram au centre.
L’idée n’a pas été récompensée mais plusieurs phases de jeu lui ont donné du crédit. Recherchant le plus souvent le latéral droit et le triangle Koundé-Dembélé-Griezmann, les Bleus ont su attirer le bloc autrichien pour mieux renverser de l’autre côté vers les flèches Théo Hernandez et Kylian Mbappé, qui ont eu droit à quelques raids dangereux mais pas victorieux.
« C’était un match globalement positif. Il y a un dénominateur commun dans tous ces matches, c’est qu’il y a une très haute intensité. Nous étions dans la bagarre et c’était important. La qualité et le talent c’est important, mais il faut maintenir cette solidarité entre ceux qui ont commencé et ceux qui sont entrés », a notamment relevé Didier Deschamps, qui n’a pas vraiment intérêt à tout changer après avoir pris les trois points. Mais si la blessure au nez de Kylian Mbappé le pousse à rater le(s) prochain(s) match(s), les Bleus vont devoir se réorganiser.