Divertissement

La chanteuse Catherine Ribeiro est décédée

La chanteuse et actrice Catherine Ribeiro en 1972, France.

Elle est entrée en scène les poings tendus. En noir. De la tête aux pieds. Avec une frange qui lui mangeait les yeux. Le regard d’une battante. Le sourire d’une amoureuse. La voix d’une activiste. Les mots d’une perdante magnifique. Comme l’aurait écrit Leonard Cohen si elle avait été une muse Warholienne du Chelsea Hotel. Sauf qu’elle était debout. Plus pasionaria tumultueuse que superstar éphémère. Panthère prête à bondir sur tout ce qui pourrait blesser ou souiller la beauté. Rock. Rebelle. Radicale.

En l’écoutant, en la voyant, on se disait que cette femme ne devait rien à personne, quitte à en payer le prix. Elle était la Ribeiro, sœur de la base, de celles qui ont appris leur enfance face aux fumées des usines, de ces nerfs à vif qui ont connu la douleur avant le plaisir. Mais aussi, la Grande Catherine, une sorte de Janis Joplin saisie par Baudelaire, de Nico emportée par Rimbaud, de Piaf électrocutée par Apollinaire. Catherine Ribeiro est décédée dans la nuit du jeudi 22 au vendredi 23 août, selon une annonce de son entourage à l’Agence France-Presse. Elle avait 82 ans années.

« Les paroles ne sont qu’un accessoire, je préférerais qu’on en arrive presque à des onomatopées pour remplacer les paroles. Peut-être qu’on le fera. La voix doit servir d’instrument… Ce que j’essaie de faire, c’est de détruire complètement la chanson classique, avec des refrains et des couplets réguliers. » Elle a déclaré dans une interview en 1970. C’était une époque que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître. Sur une musique à la limite de la transe qui provoquait d’étranges bacchanales Dans les villes et les campagnes, Ribeiro et ses camarades des Alpes appellent à la liberté, à l’insurrection, à l’amour, à la poésie, à la colère…

Pendant dix ans, de 1970 à 1980, la télévision les a ignorés, la radio les a boudés, la presse grand public les a méprisés. Ce qui ne les a pas empêchés de donner des milliers de concerts, de remplir des salles prestigieuses comme l’Olympia ou Bobino, et de vendre des dizaines de milliers d’exemplaires de leurs albums. Ils n’ont pas revendiqué la marginalité, elle leur a été imposée.

Une rage inextinguible

Au début, il y a une petite fille sauvage, qui grandit dans une famille modeste d’origine portugaise, à Saint-Fons, dans la banlieue lyonnaise. Père silencieux, ouvrier et proche des communistes à Rhône-Poulenc. Mère analphabète, qui la frappe et ne la comprend pas, mais lui transmet sa belle voix de chanteuse de fado. « J’ai appris ma naissance/Par les lignes/D’un discours anguleux/Sur l’échec de l’amour/J’ai appris mon enfance/Face aux fumées de l’usine/Par les chemins de grève/Empruntée par mon père », Est-ce qu’elle chantera dans La vie en bref.

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Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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