La chaleur rend-elle stupide ?
Fatigue, sensation de mollesse, problèmes de concentration… Les températures élevées donnent parfois l’impression que notre cerveau fond, et c’est presque vrai. Surtout à Barcelone.
Photo de couverture : Clémentine Laurent
36,8 °C. C’est la température moyenne normale d’un corps humain en bonne santé. Lorsqu’elle est dépassée, toutes les capacités humaines – physiques et mentales – sont mises à rude épreuve.
Lorsqu’il fait chaud, on transpire, on perd de l’eau et nos neurones sont les premiers à souffrir de la déshydratation. Sauf que l’eau de notre corps est essentielle : elle sert à fluidifier notre sang, qui lui-même apporte électrolytes, sucres et oxygène nécessaires à la vie des cellules cérébrales. Sans elle, le sang circule moins bien et l’activité neuronale ralentit. Il est donc important de boire de l’eau en permanence lorsque le thermostat est élevé.
La transpiration, qui nous déshydrate, a aussi ses bons côtés. C’est grâce à elle que nous pouvons évacuer la chaleur interne vers l’extérieur et maintenir cette température idéale de 36,8 °C. Une technique malheureusement compromise lorsque l’air ambiant est trop humide, comme dans la ville-comté, où en juillet 2020, par exemple, le taux d’humidité était de 62 % en moyenne.
Lorsque les humains perdent cette capacité d’endothermie – la capacité à autoréguler leur température corporelle – c’est alors que la sensation d’ennui s’installe : nous nous sentons moins alertes et comme si nous vivions au ralenti.
Chaleur et productivité
La perte d’activité cérébrale peut avoir des conséquences désastreuses lorsque l’on exerce un métier qui demande de la concentration et qui a un impact immédiat sur sa propre vie ou celle des autres (infirmière, chauffeur de camion, chirurgien, etc.). Cette surchauffe du cerveau – appelée stress thermique – ne rend pas vraiment stupide, mais elle ralentit considérablement l’activité cérébrale et donc la productivité au travail, comme le prouve une étude publiée en 2021 dans l’International Journal of Environmental and Public Health Research.
Dans cette étude, les chercheurs ont simulé une vague de chaleur de 3 jours avec des températures diurnes de 35°C et nocturnes supérieures à 25°C, dans une pièce où les volontaires étaient soumis à des exercices physiques et mentaux. Il a été démontré que ces travailleurs faisaient 17 % d’erreurs de plus le premier jour, prenaient plus de pauses et étaient moins productifs que les sujets effectuant les mêmes tâches dans une pièce à 20°C. En revanche, ils s’adaptaient à la chaleur au fur et à mesure de l’expérience.
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De même, si la chaleur n’empêche pas tout mouvement, elle réduit nos capacités physiques et peut même être mortelle. Lors de la canicule de 2003 en France, environ 15 000 personnes sont décédées de causes liées à la chaleur, dont la moitié avait plus de 85 ans. Face à ces dangers, il est essentiel de s’hydrater en permanence, de rester à l’ombre et d’utiliser un ventilateur ou un climatiseur.