Au milieu de la tourmente, la chaîne américaine a annoncé le départ immédiat de son directeur Laxman Narasimhan. Il sera remplacé à la rentrée par le patron de la chaîne Chipotle.
Le géant américain du café Starbucks, qui souffre depuis plusieurs mois d’une baisse d’activité sur fond de hausse des prix et de pression des actionnaires, a annoncé mardi le départ immédiat de son patron Laxman Narasimhan, en poste depuis seize mois. Il doit être remplacé à partir du 9 septembre par le patron de la chaîne de restauration rapide mexicaine Chipotle, Brian Niccol.
« Brian apporte une riche expérience et un historique avéré d’innovation et de croissance », a déclaré Mellody Hobson, présidente du conseil d’administration, dans un communiqué.
« Notre conseil d’administration estime qu’il peut être un leader transformateur pour notre entreprise », a-t-elle ajouté, reconnaissant les « vents contraires difficiles » auxquels Laxman Narasimhan a été confronté.
Insatisfaction croissante des investisseurs
Vers 14h30 GMT, l’action Starbucks gagnait 18,14% à la Bourse de New York. M. Niccol, également cité dans le communiqué, s’est dit « ravi de rejoindre Starbucks et reconnaissant de l’opportunité de diriger cette incroyable entreprise ». Il a souligné le « potentiel de croissance énorme » de la chaîne de café « emblématique ».
Il a pris les rênes de Chipotle en mars 2018 et a assumé deux ans plus tard le rôle supplémentaire de président du conseil d’administration. Il était auparavant PDG de la chaîne de restauration rapide Taco Bell, filiale de Yum! Brands (Pizza Hut, KFC, etc.), et avait également passé dix ans chez Procter and Gamble.
Plusieurs fonds d’investissement activistes ont récemment pris des participations dans Starbucks, appelant à un changement de stratégie, selon des médias américains. La chaîne a annoncé le 30 juillet que son chiffre d’affaires du troisième trimestre de l’exercice décalé était inférieur aux attentes. A magasins comparables, il a chuté de 3%, plombé par une baisse de 5% des transactions, partiellement compensée par une hausse de 2% du ticket moyen.
Le changement de direction « est le résultat d’un mécontentement croissant, notamment parmi les investisseurs activistes, quant à la manière dont la chaîne était gérée », a déclaré Neil Saunders, directeur de GlobalData.
« Le sentiment est que Starbucks est resté sur la défensive pendant trop longtemps et a perdu de vue les fondamentaux. Cela a conduit à de mauvais résultats, en particulier aux États-Unis », a-t-il déclaré.
Selon lui, une partie du ralentissement de l’activité est due au fait que les consommateurs resserrent leurs cordons de la bourse, mais « la majorité est toujours le résultat d’une dégradation de l’expérience en magasin et d’un manque d’innovation dans certains domaines, comme l’alimentation ». Mais « compte tenu de l’ampleur des défis, il serait déraisonnable d’espérer qu’un changement de gouvernance produise des résultats immédiats ».
De nouveaux défis pour Starbucks
Les analystes de Wedbush se sont également montrés prudents, affirmant que « l’euphorie des actionnaires (compte tenu du prix de mardi matin) est prématurée ».
Selon eux, la confiance en Brian Niccol « est compréhensible, mais Starbucks n’est pas Chipotle », où il n’y avait eu aucune « innovation dans le menu ou le marketing » avant lui.
Cependant, « Starbucks est une entreprise mondiale avec des années d’innovation en matière de produits, de positionnement de marque, d’initiatives, d’innovations numériques, etc. », ont-ils souligné.
« Le défi est de créer une connexion avec un nouveau consommateur », affirment les analystes de Wedbush.
Les États-Unis et la Chine, avec respectivement 16 730 et 7 306 magasins, représentaient ensemble 61 % du nombre total de cafés Starbucks dans le monde à la fin du mois de juin.
Brian Niccol devra également gérer les relations avec le personnel de l’entreprise. Des négociations sont actuellement en cours avec le syndicat Workers United pour élaborer une convention collective. Ce serait une première pour le groupe aux États-Unis si elle était ratifiée. Les deux parties ont annoncé un accord de principe le 31 mai.
Laxman Narasimhan, 57 ans, a été choisi en septembre 2022 pour être PDG de Starbucks et a travaillé pendant six mois avec le patron de longue date de l’entreprise, Howard Schultz.
Ce dernier avait en effet pris temporairement les rênes du groupe au printemps de cette année-là – quatre ans après son départ – lorsque son successeur, Kevin Johnson, avait pris sa retraite. Howard Schultz a cédé le rôle de PDG en mars 2023 et a quitté son siège au conseil d’administration en septembre. Il reste président émérite. Avant de rejoindre Starbucks, Laxman Narasimhan était PDG du groupe britannique de produits d’hygiène et de santé Reckitt Benckiser et avait auparavant occupé plusieurs postes de direction chez PepsiCo.