La cellule diplomatique de l’Élysée aurait envisagé de livrer des Rafale à l’Ukraine
En mai 2020, l’armée de l’air ukrainienne a adopté le plan « Air Force Vision 2035 » afin de moderniser son avion de chasse en le mettant aux normes occidentales, ce qui nécessite évidemment de retirer du service l’ensemble de ses avions de combat hérités de son passé soviétique.
Ce plan, d’un montant d’environ 7,5 milliards d’euros, devait être réalisé en deux étapes. La première étape a consisté à acquérir six à douze chasseurs-bombardiers de génération 4.5 entre 2023 et 2025 afin de procéder à des tests et évaluations opérationnelles. L’idée était en quelque sorte de préparer le terrain avant la mise en service d’une trentaine d’appareils supplémentaires entre 2025 et 2030.
A l’époque, selon la presse ukrainienne, quatre modèles d’avions de combat étaient envisagés : le JAS-39 Gripen E/F, le F-16 Viper, le F/A-18 Super Hornet et le Rafale, dont la candidature était ardemment défendue. par le président Macron. « Cette question figure ainsi en tête de l’agenda de la prochaine visite d’Emmanuel Macron en Ukraine », écrivait Intelligence Online en mars 2021.
Mais l’invasion russe de l’Ukraine a anéanti ce projet… Cependant, pour permettre à ses avions de chasse d’affronter les forces russes, Kiev a très vite demandé des F-16 de conception américaine (et même des A-10 Warthog). Mais les États-Unis étaient réticents à répondre favorablement à une telle demande.
Finalement, l’armée de l’air ukrainienne a eu gain de cause, grâce aux Pays-Bas et au Danemark, ces deux pays ayant pris, en 2023, la tête de la « coalition F-16 pour l’Ukraine », rejointe ensuite par la Norvège et la Belgique.
Cela dit, en janvier 2024, Kiev évoquait la possible livraison du Mirage 2000D français… Ce qui avait été initialement exclu par Sébastien Lecornu, le ministre des Armées. « Sur la question de l’aviation, de manière générale, nous essayons également de faire quelque chose d’utile. Pour être transparent, (…) dès la livraison des Mirage 2000, dont nous disposons peu et dont le MCO (maintien en condition opérationnelle) présenterait des enjeux terriblement compliqués, nous avons préféré démarrer une formation générale de pilotage », a-t-il expliqué. aux députés, quelques semaines plus tard.
La suite est connue : en juin, le président Macron a finalement annoncé que la France livrerait des Mirage 2000-5F à l’Ukraine. Mais, selon Le Monde, cela aurait pu se passer autrement. En effet, dans un portrait de M. Lecornu publié dans son édition du 16 octobre, le quotidien révèle que la cellule diplomatique de l’Élysée a exprimé « un jour l’idée de déposséder l’Armée de l’Air de ses précieux Rafale pour les envoyer à Kiev. Sauf que le ministre des Armées y a opposé son veto.
Pour rappel, en 2021, l’Air & Space Force (AAE) disposait de 102 Rafale. Mais cette flotte fut réduite de 24 unités pour honorer les commandes passées par la Grèce et la Croatie.
Ces avions ont depuis été remplacés, grâce à la reprise des livraisons en janvier 2023. Et selon la dernière édition des « chiffres clés de la défense », l’AAE disposait de 97 Rafale au début de cette année.
La réduction temporaire de la flotte des Rafale avait mis l’AAE sous pression, notamment pour la formation de ses équipages, le nombre annuel d’heures de vol étant passé de 164 à environ 147. « Notre potentiel technique est moindre puisque nous avons moins d’avions et le nombre des pilotes, c’est le même », expliquait le général Parisot, alors numéro deux de l’état-major de la Force aérienne et spatiale (EMAAE), en juillet 2022.
Par ailleurs, si l’idée de livrer des Rafale à Kiev avait été retenue, alors la France aurait été le seul pays à se séparer des avions de combat en service, les F-16 promis à l’Ukraine devant être remplacés par des F-35A.