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La CEDEAO craint une « désintégration » due à la création d’une confédération par les régimes militaires sahéliens

Les drapeaux des pays de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), lors de la 65e session ordinaire des chefs d'État et de gouvernement à Abuja, au Nigéria, le 7 juillet 2024.

La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), réunie en sommet, a averti dimanche 7 juillet que la région risquait « désintégration »après la création par les régimes militaires du Niger, du Mali et du Burkina Faso d’une « confédération ».

Les trois pays ont annoncé samedi à Niamey la formation de cette « Confédération des États du Sahel »Leur premier sommet, organisé comme un défi à la veille de celui de la Cedeao, met une nouvelle fois cette dernière à l’épreuve, après la décision en début d’année du Mali, du Burkina Faso et du Niger de quitter l’organisation.

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La Cédéao est également confrontée à la persistance de la violence jihadiste, à des problèmes de financement et à des difficultés pour créer une force régionale. On ignore encore quelles mesures le bloc ouest-africain prendra en réponse à la création de la confédération par les trois pays après son sommet dans la capitale nigériane Abuja.

Le président nigérian Bola Ahmed Tinubu a appelé le nouveau dirigeant du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, à assumer le rôle de« émissaire » avec le Mali, le Burkina Faso et le Niger, sans donner plus de détails.

« Tournez le dos à la CEDEAO »

Le président de la Commission de la CEDEAO, Omar Alieu Touray, a averti dimanche que les trois pays risquaient« isolement diplomatique et politique » et la perte de millions d’euros d’investissements. Leurs ressortissants pourraient également devoir obtenir des visas pour se rendre dans la région, a-t-il dit, sans préciser quand la mesure pourrait entrer en vigueur.

La rupture va également aggraver l’insécurité régionale et entraver la mise en place d’une force régionale, a ajouté M. Touray. « Outre les nombreuses menaces à la paix et à la sécurité, ainsi que les défis de la pauvreté, notre région est également confrontée aux risques de désintégration »il s’est alarmé.

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Les dirigeants militaires actuels du Niger, du Mali et du Burkina Faso sont arrivés au pouvoir à la suite de coups d’État ces dernières années et ont annoncé en janvier qu’ils quittaient ensemble la CEDEAO. Ces trois pays ont rompu avec la France, l’ancienne puissance coloniale, en envoyant des troupes françaises stationnées sur leur territoire.

Le leader du Niger, le général Abdourahamane Tiani, a appelé samedi à la construction « une communauté éloignée du contrôle des puissances étrangères »Il a également déclaré que les peuples des trois pays avaient « a irrémédiablement tourné le dos à la CEDEAO »rejetant les appels du bloc à rentrer dans le rang.

« Une grande blessure au panafricanisme »

Le retrait des pays du Sahel de la CEDEAO a été alimenté en partie par leur accusation selon laquelle Paris manipulait l’organisation régionale et ne fournissait pas un soutien suffisant aux efforts anti-jihadistes.

Le sommet d’Abuja, qui s’est tenu dimanche, intervient après que plusieurs chefs d’Etat ouest-africains ont appelé à une reprise du dialogue. C’est la première fois que le nouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, se réunit pour la première fois, après avoir affirmé en mai que la réconciliation était possible.

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« Nous devons tout faire pour éviter le retrait des trois pays frères de la CEDEAO. Ce serait le pire des scénarios et une grande atteinte au panafricanisme que nous ont laissé les pères fondateurs. »M. Faye a déclaré dimanche, appelant à « entreprendre des réformes appropriées pour adapter la CEDEAO aux réalités de son temps ».

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Les relations entre le Niger et la CEDEAO se sont détériorées après le coup d’État de juillet 2023 qui a porté M. Tiani au pouvoir. La CEDEAO a alors imposé des sanctions et menacé d’une intervention militaire pour rétablir le président déchu, Mohamed Bazoum. Les sanctions ont été levées en février, mais les relations restent glaciales.

« Force régionale de lutte contre le terrorisme »

A la veille du sommet de la CEDEAO, les ministres de la Défense et des Finances des pays membres ont discuté du financement d’un « force régionale de lutte contre le terrorisme et de rétablissement de l’ordre constitutionnel »La Commission de la CEDEAO a proposé ce plan depuis longtemps. Son plan prévoit une unité initiale de 1 500 hommes, et l’une des propositions était de constituer ultérieurement une brigade de 5 000 soldats, pour un coût d’environ 2,6 milliards de dollars par an.

La CEDEAO a lancé des interventions militaires dans le passé, mais sa menace de le faire après le coup d’État au Niger s’est estompée. Alors que le bloc est confronté à des défis régionaux, M. Touray a averti que ses « la situation financière se détériore ».

Malgré des informations faisant état de désaccords sur la reconduction du président nigérian Tinubu à la tête de la CEDEAO, il restera en fonction, a annoncé dimanche la CEDEAO.

Le Monde avec l’AFP

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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