« La catastrophe humanitaire continue » à Gaza, prévient l’agence onusienne pour les réfugiés palestiniens
L’UNRWA appelle à un cessez-le-feu et à la réouverture des « points d’accès maintenus fermés par Israël » afin d’acheminer l’aide humanitaire.
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« La catastrophe humanitaire à Gaza continue »a alerté Tamara Alrifai, porte-parole de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), invitée de franceinfo dimanche 20 octobre, alors que la communauté internationale se concentre ces dernières semaines sur la guerre entre Israël et le Hezbollah au Liban. Mais pendant ce temps, les bombardements israéliens sur la bande de Gaza se poursuivent. Samedi, l’un d’eux a tué au moins 73 personnes à Beit Lahiya, au nord du territoire palestinien.
franceinfo. Les yeux du monde sont tournés vers le Liban. Ne craignez-vous pas que la situation des Palestiniens dans la bande de Gaza soit en partie occultée par ce que vivent également les Libanais ?
Tamara Alrifaï : C’est possible, car ce week-end à Gaza a été catastrophique avec les frappes israéliennes, notamment sur le nord de Gaza. C’est la zone qui a été bouclée, complètement clôturée, depuis le début de la dernière vague d’opérations militaires. En effet, les regards sont désormais davantage tournés vers le Liban, mais le désastre humanitaire à Gaza continue, tout comme les violents bombardements et frappes, notamment contre deux hôpitaux ce week-end et contre un abri de l’UNRWA. Ces grèves nous affectent directement.
L’aide humanitaire continue-t-elle d’arriver dans la bande de Gaza ?
L’aide humanitaire continue d’arriver au compte-gouttes. Ce mois dernier, une soixantaine de camions d’aide humanitaire tout compris (nourriture, eau, médicaments, matelas, couvertures, etc.) sont arrivés, mais rien n’arrive au nord de Gaza. Une partie du territoire est effectivement clôturée depuis le 1er octobre. On craint vraiment un risque de famine pour l’ensemble de la population gazaouie, on parle de 2 millions de personnes.
Combien de camions d’aide humanitaire sont nécessaires ?
Selon les experts humanitaires, dont nous à l’UNRWA, un minimum de 500 camions d’aide humanitaire sont nécessaires chaque jour pour la bande de Gaza. C’est le minimum pour maintenir la population en vie. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui est une aide humanitaire au compte-goutte, qui va totalement à l’encontre des normes humanitaires.
De quoi avez-vous besoin en premier ?
Nourriture, eau potable, matériel médical… Mais nous approchons également de l’hiver. Nous avons donc besoin de tentes, de matelas, de couvertures et de vêtements d’hiver. En fait, nous avons besoin d’un cessez-le-feu et nous avons besoin d’un flux d’aide humanitaire ainsi que de biens commerciaux pouvant atteindre la bande de Gaza pour aider la population à survivre.
« Nous ne cessons de rappeler que, selon le droit international humanitaire, il n’est pas possible de fermer complètement un territoire comme celui-là et d’empêcher l’aide humanitaire d’y arriver. »
Tamara Alrifai, porte-parole de l’Unrwasur franceinfo
Y a-t-il des installations médicales qui fonctionnent encore dans le nord de la bande de Gaza ? ?
Toutes les installations médicales de Gaza fonctionnent partiellement ou ne fonctionnent pas du tout. Les hôpitaux de Gaza ont tous été touchés. Nous parlons de plus de 500 grèves contre des infrastructures hospitalières et médicales. Nous parlons d’un effondrement du système de santé publique. Cela dit, l’UNRWA, la plus grande agence humanitaire des Nations Unies, continue de faire fonctionner des équipes médicales mobiles et dix dispensaires. Nous avons récemment réussi à administrer le vaccin contre la polio ! Car après 25 ans d’éradication, le virus est réapparu à Gaza à cause du manque d’hygiène, de la situation sanitaire catastrophique et de la surpopulation des refuges.
Qu’en est-il de l’aide américaine, nous avons évoqué ces derniers mois le pont humanitaire mis en place par les Etats-Unis. Recevez-vous toujours de l’aide américaine ?
Nous ne recevons pas d’aide américaine. On voit les ponts aériens, on a vu le pont maritime. Mais pourquoi inventer de nouvelles routes quand des routes terrestres existent ? Le moyen le plus simple serait d’ouvrir des routes terrestres, ce qui constitue le moyen le plus direct et le plus économique d’acheminer l’aide humanitaire. Mais le gouvernement israélien continue de maintenir fermés la plupart des points d’accès. Nous appelons donc à un cessez-le-feu, à l’ouverture des points d’accès et à une augmentation de l’aide humanitaire et des biens commerciaux entrant à Gaza.