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La carte des communes rackettées par l’État pour manque de « mixité sociale »

Attention, sujet inflammable ! D’autant que Bruno Le Maire s’apprête à faire pression sur les collectivités territoriales pour les inciter à prendre un sérieux tour de vis budgétaire. Les associations représentant les élus locaux sont convoquées le 9 avril à Bercy et ne manqueront pas de monter au créneau sur l’élargissement annoncé de la loi de solidarité et de rénovation urbaine (SRU).

Car l’État a prélevé près de 115 millions d’euros aux communes n’ayant pas atteint les objectifs de « mixité sociale » en 2022, un montant en hausse constante depuis des années. La pression sur l’État est d’autant plus forte que les communes et intercommunalités doivent approuver leur budget initial pour 2024 avant la mi-avril.

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La bataille politique à venir

Le gouvernement met la pression sur les élus tout en leur donnant un peu d’oxygène. Le nouveau ministre du Logement, Guillaume Kasbarian, veut honorer les promesses faites par Gabriel Attal lors de son discours de politique générale en janvier. Il présentera au Sénat vers juin un projet de loi sur le logement des classes moyennes qui inclura une modification de la loi SRU (qui impose un minimum de 25% de logements sociaux dans les communes de plus de 3 500 habitants en milieu urbain).

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L’affrontement politique s’annonce houleux : la gauche des métropoles dénonce un  » déclaration de guerre « , le droit des villes côtières salue l’initiative. Le maire de Nice, Christian Estrosi, a exprimé son soutien à Gabriel Attal. Rejoint par 80 autres maires, il a signé une tribune sur le site du JDD pour dénoncer une « une insulte au bon sens »critiquant la loi SRU actuelle comme étant une « Un vrai racket de la part de l’État ! »

Evolution des sanctions liées à la loi SRU.

Evolution des sanctions liées à la loi SRU.

© Données Réalis

Outre les 115 millions d’euros de sanctions, une étude du ministère de l’Économie couvrant les années 2014 à 2022, correspondant aux trois derniers cycles triennaux d’application de la loi SRU, propose un aperçu des villes sanctionnées financièrement par l’état. Étonnamment, les villes les plus sévèrement pénalisées ne sont pas nécessairement celles qui disposent du plus grand potentiel d’augmentation de leur parc de logements sociaux.

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Par exemple, Nice, qui accuse un déficit de 20 000 logements sociaux pour atteindre le seuil de 25 % fixé par la loi SRU, a été partiellement exonérée lors du dernier triennat 2020-2022, alors qu’elle n’a pas atteint les objectifs fixés. au cours du cycle précédent. En février 2022, le Parquet national financier a également ouvert une enquête préliminaire pour détournement de fonds contre l’ancien préfet des Alpes-Maritimes, le soupçonnant d’avoir indûment exonéré la ville de ses cotisations. L’arrêté signé le 28 février par le nouveau préfet du département, Hugues Moutouh, impose à la commune de Christian Estrosi de verser cette année 7,23 millions d’euros, alors qu’elle n’avait contribué que 2,28 millions d’euros sur la période 2020-2022.

Saint-Maur-des-Fossés, Bandol et Gémenos en tête

Mais Christian Estrosi dispose d’un carnet d’adresses et d’une capacité de communication, d’influence et de négociation que n’ont pas la plupart des maires privés par les préfets. De 2020 à 2022, des villes comme Saint-Raphaël (36 000 habitants) et Agde (29 000), ont en effet versé à l’État des sommes supérieures à celle de Nice (340 000), s’élevant respectivement à 3,71 millions d’euros et 2,87 millions d’euros. Même Roquebrune-sur-Argens, commune varoise de 14 000 habitants, avait une obligation financière plus lourde que Nice, avec une contribution de 2,42 millions d’euros pour cette période !

Pour bien mesurer l’effort financier imposé par l’État aux communes qui ne répondent pas assez rapidement aux exigences de la loi SRU, le plus souvent faute de foncier disponible, nous avons dressé une carte de France des sanctions par commune, de manière cumulée. sur la période 2014-2022, avec le détail des trois derniers triennats.

Par ailleurs, nous avons dressé un tableau des communes les plus matraquées sur la dernière période triennale (2020-2022) et sur toute la période 2014-2022 (9 ans), en fonction du coût par habitant. Trois communes figurent systématiquement sur le podium : Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne, 74 500 habitants), Gémenos (Bouches-du-Rhône, 6 700 habitants) et Bandol (Var, 8 359 habitants). Ce sont, de loin, les villes les plus pénalisées au cours de la dernière décennie.

En montant net des pénalités, ils ont continué à payer de plus en plus : de 766 000 € en 2014-2016 à 1,6 M€ en 2020-2022 pour Gémenos ; de 3,1 millions en 2014-2016 à 18,5 millions en 2020-2022 pour Saint-Maur-des-Fossés.

Classement des 10 communes les plus pénalisées sur la période 2014-2022 :

Municipalité

Pénalités par habitant (en euros)

Population

Total des pénalités (en euros)

Saint-Maur-des-Fossés (94)

518

74 520

38 600 891

Bandol (83)

446

8 359

3 723 898

Gémenos (13)

429

6 698

2 871 745

Saint-Palais-sur-Mer (17)

405

3 920

1 588 486

Carry-le-Rouet (13)

400

5 705

2 279 640

Pégomas (06)

382

7 956

3 036 906

Roquebrune-sur-Argens (83)

365

14 335

5 228 856

Carqueiranne (83)

359

9 462

3 397 764

Chaponnay (69)

335

4 411

1 477 348

Aiguilles (13)

323

8 076

2 608 556

Un racket que Roland Giberti, maire de Gémenos depuis 2001, et Sylvain Berrios, maire de Saint-Maur-des-Fossés, jugent aussi inefficace qu’aveugle. Tous deux ont accueilli avec intérêt les déclarations du Premier ministre qui, dans son discours de politique générale devant les députés le 30 janvier, s’est dit prêt à inclure les logements intermédiaires dans le décompte du SRU. « Tout ce qui peut modifier cette loi en redonnant aux maires un minimum de pouvoir de décision en matière de politique du logement est le bienvenu. En l’état actuel, la loi SRU est une loi ridicule, infondée et illogique. »résume Roland Giberti.

Cammile Bussière

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