La canicule fait craindre une fin d’été étouffante : « Il y a un risque de températures très élevées en France »
Volets fermés et serviettes mouillées aux fenêtres : ces derniers jours, les Français ont multiplié les astuces pour faire face à la chaleur étouffante qui s’abat sur les foyers d’une grande partie du pays. Lundi à 16 heures, 40 départements étaient en alerte orange canicule, tandis que dans la plupart d’entre eux, les ventilateurs étaient jusqu’à présent rangés.
Après l’Aquitaine dimanche, le centre et le nord de la France ont eux aussi connu lundi un pic de chaleur intense, annoncé par une nuit peu clémente. « Nous avons eu une douceur nocturne remarquable sur l’ensemble du pays. Il n’est pas descendu en dessous de 20 degrés dans la plupart des régions de France », a indiqué Christelle Robert, prévisionniste à Météo France.
Ainsi, pour les habitants de Cholet (Maine-et-Loire), le mercure n’est descendu qu’à 24,6 °C avant de remonter, du jamais vu dans la ville. Menton (Alpes-Maritimes), dont la situation proche des montagnes peut vite assécher l’air, a battu un record de température pour un mois d’août — 36,9 °C — à 10h20 !
Cela se transforme en tempête mardi
Même si une baisse s’amorce à l’ouest dès ce mardi, il faudra certainement attendre jeudi pour retrouver des températures plus saisonnières sur la majeure partie du territoire. D’ici là, de forts orages sont attendus dans le Puy-de-Dôme, le Cantal et la Haute-Loire, en vigilance orange ce mardi après-midi. « Ils sont à surveiller. Ils peuvent donner d’importants cumuls de pluie en peu de temps, accompagnés de grêle. De fortes rafales pourraient approcher les 100 km/h localement », prévient Christelle Robert.
Dans l’extrême Sud-Est, où elle sévit depuis fin juillet, la canicule devrait perdurer. « La Corse, la Côte d’Azur, la Provence, qui seront au bord du dôme de chaleur, ne verront pas la différence dans les jours qui viennent. Les nuits sont tropicales sur la Côte d’Azur. Il fait environ 27 degrés la nuit. Les gens n’en peuvent plus », explique Guillaume Séchet, météorologue et fondateur du site Météo Villes.
Pour prévenir les risques, le ministère du Travail a activé samedi le numéro vert « info canicule service », disponible de 8h à 19h : 0800 06 66 66.
Nombre potentiel de jours avec plus de 35°C en septembre
Hormis sur les côtes méditerranéennes, l’épisode n’est pas exceptionnel par sa durée : trois jours. « En revanche, il est intense et c’est ce qui est inquiétant, commente Guillaume Séchet. Car nous bénéficions actuellement d’un courant marin dominant qui repousse les invasions très chaudes, torrides, venues du Sahara. S’il n’était pas aussi dynamique, on n’imagine même pas ce que cela pourrait donner. »
Si la canicule n’a rien à voir avec celle de 2003 qui avait étouffé la France pendant deux semaines, Régis Crépet, prévisionniste chez Météo-Consult, remercie aussi le courant venu de l’Atlantique : « Il y a un potentiel de températures très élevées qui sont en train de s’installer sur la France. On peut se demander si on n’aurait pas une canicule encore pire que celle de 2003 s’il y avait un véritable dôme obstruant la France. »
Il y a toutefois peu de chances que les pics de ces journées soient les derniers de la saison, s’accordent les météorologues. Selon Guillaume Séchet, il faut craindre l’impact sur nos régions d’un phénomène qui survient régulièrement à partir de la fin août : les cyclones tropicaux. « C’est souvent à cause d’eux que nous avons des chaleurs tardives, insiste le prévisionniste. Ils pourraient réveiller un dôme de chaleur, le faire monter et créer une vague meurtrière. Il ne faut pas oublier que l’été s’étend plus souvent au-delà du mois d’août. Nous ne sommes pas à l’abri de journées à plus de 35 degrés en septembre. »
Qui l’eût cru ? Hier encore, on se plaignait que l’été tardait à venir et que le ciel maussade couvrait une grande partie de la métropole. Il faudra sans doute désormais composer avec des températures maximales anormalement élevées. « Dans les années à venir, il y aura de moins en moins de répit, prévient Guillaume Séchet. Ces petites pauses deviendront un luxe. »