La Bourse de Paris chute sur la semaine et efface tous ses gains de l’année
La Bourse de Paris a signé vendredi sa pire semaine depuis mars 2022, au moment de l’invasion russe en Ukraine, et a vu tous ses gains cumulés depuis le 1er janvier s’évaporer, pliant face au risque politique qui traverse les marchés français.
L’indice phare CAC 40 a terminé en baisse de 2,66% vendredi, à 7.503,27 points, après avoir chuté de plus de 3% en cours de séance. Sur la semaine, l’indice a chuté de 6,23%. Pour retrouver sa pire baisse hebdomadaire précédente, il faut remonter à la semaine du 28 février au 4 mars 2022, au début de l’invasion russe en Ukraine.
Depuis le 1er janvier, le CAC 40 est désormais en baisse de 0,53%. L’indice français est le seul en Europe à être en territoire négatif au niveau de ses performances depuis le début de l’année. En comparaison, les Bourses de Milan et de Francfort ont gagné plus de 7 %, tandis que celles de Londres ont gagné plus de 5 %.
« La présentation vendredi du programme du Nouveau Front populaire a accentué la chute de la bourse et mis la pression sur le marché obligataire »a commenté Alexandre Baradez, responsable des analyses de marché chez IG France.
« L’aspect fiscal fait réagir principalement les actions et l’aspect budgétaire fait réagir le marché des obligations souveraines »a détaillé l’analyste.
« On voit que le bloc de gauche qui s’est mis en place, plus rapidement que prévu, a désagréablement surpris les marchés car en première ligne du programme un volet fiscal semble assez important, incluant par exemple le rétablissement de l’ISF » (impôt de solidarité sur la fortune), a expliqué Alexandre Baradez.
Les élections législatives des 30 juin et 7 juillet pourraient conduire à l’entrée au gouvernement du Rassemblement national, ou de membres de l’alliance de gauche Nouveau Front populaire. Mais les programmes politiques de ces deux camps ne risquent pas de plaire aux marchés entre baisses d’impôts à l’extrême droite et abrogation de la réforme des retraites à gauche.
Un point commun est identifié par les analystes : le risque d’une augmentation des déficits budgétaires français, « à l’heure où le déficit est élevé et où le taux d’endettement de l’Etat a déjà augmenté », a relevé Sylvain Bersinger, analyste. d’Astéres.
Un autre facteur qui tire l’indice à la baisse est l’écart croissant entre le taux d’intérêt des OAT françaises à dix ans, qui s’établit à 3,12%, et son équivalent allemand, qui baisse plus fortement, à 2,35%.
La différence entre ces deux taux – ou « propagé » – est un indicateur mesurant la confiance des investisseurs dans la France et ses perspectives économiques à long terme. Il s’établissait à 0,76 point de pourcentage vendredi.
Selon Bloomberg, l’amplification de cet écart sur la semaine est à ce stade la plus importante depuis 2011, au moment de la crise de la dette des Etats de la zone euro.
« Cet écart nous montre le degré de méfiance à l’égard de la dette française par rapport à la dette allemande »or « Plus cet écart se creuse, plus la bourse baisse »a souligné Alexandre Baradez.
Sur le marché des changes vers 18H00, l’euro reculait de 0,36% face au dollar, à 1,0698 dollar pour un euro. La monnaie unique européenne a perdu 0,95% face au billet vert depuis lundi.
Le secteur automobile pénalisé
Le secteur automobile européen a encore chuté vendredi, souffrant toujours de la volonté de la Commission européenne d’imposer à partir du 4 juillet jusqu’à 38% de droits de douane supplémentaires sur les importations de véhicules électriques chinois dans l’UE, dans un contexte où Pékin est accusé d’avoir illégalement favorisé les Chinois. fabricants.
L’action Renault recule de 3% à 48,14 euros. Sur la semaine, la valeur de ce titre a perdu 6,01%.
Stellantis recule de 4,39%, à 18,81 euros, et voit son bilan hebdomadaire baisser de 6,83%.