La blague de Lula sur la violence domestique suscite la polémique au Brésil
Le président brésilien réagissait aux résultats d’une étude selon laquelle la violence domestique augmente après les matchs de football.
En se permettant de plaisanter sur les violences faites aux femmes, le président brésilien Lula a suscité cette semaine une vive polémique, dans un pays où viols et féminicides sont en constante augmentation.
Lors d’une réunion avec des ministres et des chefs d’entreprise mardi, Lula a décrit comme un « mauvaise nouvelle » Les résultats d’une étude montrent que la violence domestique augmente après les matchs de football. « C’est incroyable »il a dit, avant d’ajouter : « Si le gars est un fan des Corinthians, c’est bien. ».
Luiz Inacio Lula da Silva, 78 ans, qui agrémente habituellement ses discours ou ses interviews d’anecdotes personnelles et d’allusions à son équipe de football préférée, les Corinthians de São Paulo, a été critiqué à plusieurs reprises pour certains commentaires sur les femmes et les minorités.
« Une tragédie brésilienne qui devrait préoccuper tout le monde »
Ce nouveau dérapage du président de gauche ne fait pas exception. « Non seulement ce n’est pas drôle, mais cela banalise une tragédie brésilienne qui devrait préoccuper tout le monde, en particulier le président : au moins 10 600 féminicides ont été commis (au Brésil) depuis 2015. »Amnesty International a réagi sur le réseau social X.
« Imaginez si quelqu’un (d’autre) disait des choses aussi absurdes que ce que ce type dit tous les jours. »a commenté pour sa part, également sur X, l’ex-président de l’extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022).
Lui-même est régulièrement critiqué pour des propos jugés misogynes, et il reproche aux grands médias brésiliens, notamment TV Globo, de ne pas accorder la même importance aux excès de Lula. Son épouse, Michelle Bolsonaro, a également critiqué les commentaires de Lula sur Instagram.
Un viol commis en moyenne toutes les six minutes au Brésil l’année dernière
Les critiques viennent également de la gauche. « La violence domestique n’est pas une blague »a lancé jeudi sur X la députée Fernanda Melchionna, du parti Socialisme et Liberté (PSOL).
Lula lui-même a admis qu’il devait prendre des précautions pour éviter de nouveaux dérapages. Mercredi, lors d’une cérémonie officielle à laquelle participaient des personnes handicapées, le chef de l’État a expliqué que, sur recommandation de la première dame, il se limiterait à lire le discours rédigé à l’avance. « pour éviter de dire un seul mot qui pourrait causer des problèmes ».
Un rapport annuel de l’ONG Forum brésilien de sécurité publique publié jeudi a montré qu’un viol a été commis toutes les six minutes en moyenne au Brésil l’année dernière et que le nombre de viols a augmenté de 6,5% par rapport à 2022.