La Biélorussie et la Chine ont lancé des exercices militaires sans précédent près de la Pologne
En août dernier, le ministre chinois de la Défense de l’époque, Li Shangfu (aujourd’hui tombé en disgrâce), s’est rendu à Minsk pour rencontrer des « dirigeants militaires » et « visiter » des unités des forces armées biélorusses. Deux mois plus tard, la Chine et la Biélorussie ont convenu de renforcer leur coopération militaire pour répondre aux « nouveaux défis mondiaux ».
Il n’est donc guère surprenant que des soldats chinois aient été impliqués dans l’exercice « Falcon Attack », lancé le 8 juillet à Brest (sud-ouest de la Biélorussie), à quelques kilomètres seulement de la frontière avec la Pologne (et donc de celle de l’Otan et de l’Union européenne).
Selon le ministère biélorusse de la Défense, « les militaires des deux pays » s’entraîneront à « des opérations de débarquement de nuit, à la traversée de voies navigables et à la conduite d’opérations dans des zones peuplées » (c’est-à-dire dans des zones urbaines). Et il a précisé qu’il s’agissait de manœuvres « antiterroristes ».
« La situation dans le monde est compliquée, c’est pourquoi, après avoir appris de nouvelles formes et méthodes de conduite des tâches tactiques, nous résoudrons tous ces problèmes au cours de ces exercices. En tenant compte de tout ce qui a été appris ces dernières années, nous nous familiariserons avec la manière dont une unité conjointe mènera les opérations », a déclaré le général de division Vadim Denisenko, chef des forces d’opérations spéciales biélorusses.
Du côté chinois, la description de ces manœuvres rares, voire inédites, est légèrement différente.
« En mettant l’accent sur les opérations de lutte contre le terrorisme, des soldats des deux pays seront affectés à des groupes conjoints pour mener conjointement des opérations de sauvetage d’otages et de lutte contre le terrorisme. Cette formation conjointe vise à renforcer les capacités de coordination des troupes participantes et à approfondir la coopération pratique entre les deux armées », a déclaré le ministère chinois de la Défense.
Sans préciser le nombre de soldats impliqués dans ces manœuvres, la même source a précisé que les « troupes » envoyées en Biélorussie proviennent d’une brigade du 80e groupe d’armées de l’Armée populaire de libération (APL). « Ils ont suivi un entraînement intensif sur les compétences individuelles de combat et la coordination tactique des unités avant de partir », a-t-elle ajouté.
Quoi qu’il en soit, alors que l’Otan s’apprête à célébrer son 75e anniversaire à Washington, ce déploiement de l’APL en Biélorussie est une manière pour Pékin de démontrer ses capacités de projection vers des théâtres extérieurs, comme ce fut le cas en 2022, avec l’envoi de six avions de transport militaire Y20 à Belgrade, pour livrer des systèmes de défense aérienne HQ-22 (version chinoise du S-300 russe) aux forces serbes.
Par ailleurs, pour l’Otan, la Chine fait partie des « concurrents systémiques » qui « cherchent à affaiblir l’ordre international fondé sur des règles ». Dans leur concept stratégique publié en 2022, les Alliés avaient également dénoncé les « politiques coercitives » menées par Pékin ainsi que le « flou » de sa stratégie, de ses intentions et le renforcement de son appareil militaire. Et d’ajouter que « ses opérations hybrides ou cybernétiques malveillantes, sa rhétorique hostile et ses activités de désinformation visent les Alliés et compromettent la sécurité de l’Alliance ».