La Biélorussie déploie de l’artillerie et des missiles Iskander près de l’Ukraine et de la Russie

L’attaque de la région de Koursk par l’armée ukrainienne, en cours depuis le 6 août, n’est pas une simple incursion en territoire russe comme cela a été le cas par le passé, d’autant qu’au moins quatre brigades – deux d’infanterie mécanisée et deux aéroportées – ont été engagées par Kiev, dont on ignore les intentions.

Entre-temps, compte tenu de la gravité de la situation, Moscou a décrété l’état d’urgence « de niveau fédéral » dans l’oblast de Koursk, où un régime « antiterroriste » a été instauré, comme dans les régions de Belgorod et de Briansk, frontalières de l’Ukraine.

Le 10 août, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a commenté pour la première fois l’opération en cours à Koursk. « Aujourd’hui, j’ai reçu du commandant en chef Syrsky plusieurs rapports concernant les lignes de front et nos actions pour pousser la guerre sur le territoire de l’agresseur », a-t-il déclaré lors de son discours quotidien. « L’Ukraine prouve qu’elle peut effectivement rétablir la justice et exercer la pression nécessaire sur l’agresseur », a-t-il ajouté.

Dans le même temps, la Biélorussie, déjà impliquée dans la guerre depuis que son territoire a été utilisé par la Russie pour attaquer l’Ukraine, a dénoncé la violation de son espace aérien par des drones ukrainiens.

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a affirmé plus tard que les drones avaient été abattus dans le district de Kastsyukovichy, situé à 200 km à l’est de Minsk et à la frontière avec la Russie. Apparemment, les drones étaient destinés à cibler la région de Smolensk. « Les forces de défense aérienne ont été mises en état d’alerte maximale pour intercepter les cibles. Il y en avait une douzaine. Des avions (Su-30SM) et des hélicoptères (Mil Mi-24) ont été dépêchés sur les lieux », a-t-il précisé.

L’agence de presse Belta a publié des images de débris présumés de ces drones. Cependant, leur examen ne permet pas de déterminer leur origine.

La diplomatie biélorusse avait alors indiqué avoir convoqué la chargée d’affaires ukrainienne en Biélorussie pour lui remettre une « note de protestation ». Elle avait ajouté que Minsk avait « exige des mesures globales pour éviter à l’avenir des incidents similaires qui pourraient conduire à une nouvelle escalade dans la région ».

« Le chargé d’affaires (ukrainien) a été averti qu’en cas de répétition de telles provocations, la partie biélorusse se réserve le droit de prendre des mesures de rétorsion pour protéger son territoire », a conclu le ministère biélorusse des Affaires étrangères.

Ce n’est pas la première fois que Minsk évoque une violation de son territoire par les forces ukrainiennes. En juillet 2022, M. Loukachenko avait accusé Kiev d’avoir tenté de « frapper des cibles militaires en Biélorussie » avec des missiles. « Nos systèmes antiaériens Pantsir (les) ont interceptés », avait-il assuré.

« Nous n’avons pas l’intention de combattre en Ukraine. Nous combattrons seulement dans un cas, si vous (…) entrez sur notre territoire, si vous tuez notre peuple, alors nous riposterons », avait également prévenu le président biélorusse.

Cette fois, les intentions de Minsk restent à clarifier, à la lumière des capacités militaires qui seront déployées à proximité de l’Ukraine.

Le ministère biélorusse de la Défense a annoncé que « compte tenu de la situation en Ukraine et dans la région de Koursk, le commandant en chef des forces armées a ordonné le déploiement de davantage de troupes dans les régions de Gomel et de Mozyr afin de répondre à d’éventuelles provocations ». Il a ajouté que « des unités des forces d’opérations spéciales, des forces terrestres, des forces de missiles, y compris des systèmes de missiles Polonez et Iskander, ont été chargées de se déplacer dans les zones désignées ».

Le système Polonez est un lance-roquettes multiple d’une portée comprise entre 50 et 200 km. Quant à l’Iskander (code OTAN : SS-26 Stone), il s’agit d’un missile balistique tactique, pouvant éventuellement emporter une charge nucléaire et capable d’atteindre une cible à une distance d’environ 500 km.

La région où ces systèmes doivent être déployés se situe, à vol d’oiseau, à 230 km de Kiev et à 370 km de Koursk. Ils seront également rejoints par une unité « mécanisée » équipée de chars T-72.

A Kiev, seul le directeur du Centre de lutte contre la désinformation, Andriy Kovalenko, a réagi jusqu’à présent aux annonces de Minsk. Il s’agit d’une «tactique de diversion visant à aider la Russie en détournant l’attention du commandement ukrainien vers ce secteur», a-t-il déclaré via Telegram.