Divertissement

« La Belle de Gaza », au cinéma, illustre le parcours de la transidentité en Israël, entre ombre et lumière

Le documentaire « La Belle de Gaza » interroge notamment Miss trans Israël 2016 Talleen Abu Hanna.
Le documentaire « La Belle de Gaza » interroge notamment Miss trans Israël 2016 Talleen Abu Hanna.

Le documentaire « La Belle de Gaza » interroge notamment Miss trans Israël 2016 Talleen Abu Hanna.

CINÉMA – «  Celui que vous recherchez n’existe pas « . Dans le documentaire La beauté de Gaza, en salles depuis mercredi 29 mai, la réalisatrice Yolande Zauberman arpente la nuit les rues de Tel-Aviv dédiées aux prostituées, à la recherche d’une femme trans qui serait venue de Gaza à pied. Un personnage fantomatique dont la vaine quête permet en réalité de raconter l’histoire d’autres destins. On a vu le documentaire également présenté au 77e Festival de Cannes : un film touchant sur un conflit intime, et non sur le conflit israélo-palestinien.

La beauté de Gaza est le 3ème pied d’un triptyque commencé avec Auriez-vous des relations sexuelles avec un Arabe ? en 2012 et a continué avec M. en 2019, un travail titanesque consacré au genre, au sexe et aux signalements de violences en Israël. Dans le film, la réalisatrice et son caméraman interviewent des femmes trans d’origine arabe vivant à Tel Aviv.

Ce qui commence comme une enquête pour retrouver une femme trans venue illégalement de Gaza à pied se transforme rapidement en une succession de témoignages. Nathalie, Danielle et Nadine racontent toutes, face caméra, l’histoire intime de leur transition et de leur vie dans la rue.

Pour chacun d’eux, la prostitution et la rue représentent un passage quasi obligatoire après une enfance compliquée brisée par le rejet de leur famille et de la société. Chacun gère à sa manière, fait des choix. Nathalie s’est tournée vers l’islam après son opération en adoptant le voile. Danielle, qui refuse de s’identifier à un genre quelconque, ne peut échapper à sa toxicomanie. Nadine reconnaît un rapport compliqué à la rue et à la prostitution, qui a façonné son caractère tout en mettant sa vie en danger.

L’exception Talleen Abu Hanna

Et puis il y a l’exception qui confirme la règle. Talleen Abu Hanna occupe tout l’écran durant les premières minutes du film, lumineux. On le retrouve régulièrement, en pointillés, tout au long du documentaire.

La jeune femme est née dans une famille arabe israélienne chrétienne et religieuse de Nazareth. Après avoir été accompagnée d’une « seconde mère » militante qui l’a soutenue notamment lors de son opération en Thaïlande, elle devient en 2016 Miss Trans Israel. Et depuis, mannequin et personnalité médiatique, elle partage son combat, suivi par plus de 430 000 personnes sur Instagram. Elle était également présente à Cannes pour la projection du film.

Une jeune femme épanouie, bien dans son corps. Une jeune femme en quête d’amour, père de ses futurs enfants. Une jeune femme qui passe des moments privilégiés avec ses proches, dont un dîner de Noël au cours duquel sont projetées des vidéos d’elle étant enfant, sans aucune gêne pour personne.

Son histoire n’est cependant pas douce. Elle raconte les agressions dans la cour d’école, les violences sexuelles qu’elle a acceptées pour « sois calme « . Et son parcours familial est également chaotique : car si les relations sont apaisées aujourd’hui, elles ne l’ont pas toujours été. Son père confie son même désarroi à l’époque :  » mon fils est mort « .

Son histoire et celles de Nadine, Danielle et Nathalie, mettent en lumière la diversité des parcours des femmes trans d’origine arabe en Israël. Mais aussi la solitude, la persévérance, ainsi que le courage nécessaire pour atteindre cet objectif commun : être enfin soi-même.

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Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.
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