La Belgique interpelle François concernant les violences sexuelles sur mineurs
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La Belgique interpelle François concernant les violences sexuelles sur mineurs

La Belgique interpelle François concernant les violences sexuelles sur mineurs

La drache belge qui avait accueilli François la veille sur le tarmac d’un aéroport militaire, avec une chaleureuse chorale multiculturelle de Molenbeek, s’est dissipée. Mais au château de Laeken (Bruxelles), résidence royale, où le pape s’adresse aux autorités ce vendredi 27 septembre, les visages sont un peu durs, à l’image des thèmes d’une matinée où François s’est adressé poliment.

« Quelle joie de vous accueillir parmi nous, près de trente ans après la visite du Pape Jean-Paul II », a cordialement commencé le roi Philippe, avant d’aborder rapidement le sujet qui agite la presse belge, et toute la société, depuis la diffusion par la télévision flamande d’un documentaire donnant la parole aux victimes en octobre 2023. « Très Saint-Père, vous avez dénoncé avec intransigeance le drame sans nom des abus sexuels commis au sein de l’institution ecclésiale, a d’abord souligné en néerlandais le roi des Belges, qui joue un rôle important pour l’unité entre francophones et néerlandophones. Les enfants étaient horriblement meurtris, marqués à vie. Il en va de même pour les victimes d’adoption forcée. dit-il.

Ce sujet, moins connu en France, concerne des milliers de jeunes filles contraintes, parfois par leurs familles, de placer leur enfant dans des institutions religieuses. Le phénomène s’étendrait de la Seconde Guerre mondiale jusqu’aux années 1970 et reste difficile à quantifier. 30 000 enfants ont ainsi été enlevés à leur mère, selon le quotidien belge HLNce que l’Église n’a pas pu confirmer. En Belgique, cet immense scandale a été renforcé par le fait que certains de ces enfants ont ensuite été vendus.

Une dissimulation inacceptable

« Il a fallu si longtemps pour que leurs cris soient entendus, Le roi Philippe a répété au pape. Il a fallu tellement de temps pour tenter de « réparer » l’irréparable. Nous connaissons les efforts de l’Église de Belgique pour œuvrer dans ce sens. Il faut les poursuivre avec détermination et sans relâche« , dit-il.

La réunion s’est poursuivie sur le même ton. Comme le roi, le Premier ministre belge Alexander De Croo a concentré son intervention sur « les nombreux cas d’abus sexuels et d’adoptions forcées (OMS) ont sérieusement entamé la confiance» dans l’Église. Soulignant toutefois que ce dernier était commis « de manière équitable », le chef du gouvernement a jugé que« Il reste encore un long chemin à parcourir. »

« Les ministres de l’Église travaillent avec conviction et charité. Mais quand quelque chose ne va pas, nous ne pouvons pas permettre qu’il soit dissimulé« , » a-t-il déclaré, s’exprimant pour cette partie de son discours en néerlandais, comme le roi, signe que le sujet est particulièrement sensible en Flandre. « Aujourd’hui, les mots seuls ne suffisent pas, dit encore Alexander De Croo, d’un ton ferme. Des mesures concrètes doivent également être prises. Les victimes doivent être entendues (…). Ils ont droit à la vérité. Les actes fautifs doivent être reconnus. Et il doit y avoir justice. »

Depuis la petite estrade rouge enserrée entre d’immenses colonnes de la même couleur où se tenaient les trois hommes, le Pape, resté assis, a d’abord mis quelques minutes pour régler son micro. Avant de commencer à lire son discours, préparé sur des thématiques bien plus larges. « L’Église doit avoir honte et demander pardon, chercher à résoudre cette situation avec humilité chrétienne et faire tout son possible pour que cela ne se reproduise plus.« , a-t-il enfin déclaré sur les violences sexuelles sur mineurs.

« Dans l’Église, il faut demander pardon »

Il a assuré que l’Église attaquait « avec détermination » à ceci « fléau » – qu’il a également qualifié de crime et « tragédie » – en soutenant les victimes et en mettant en œuvre des programmes de prévention partout dans le monde. « J’entends certains me dire : « Mais selon les statistiques, la grande majorité des maltraitances ont lieu dans les familles, les quartiers, ou dans le monde du sport ou de l’éducation… », il a improvisé. Mais un seul cas (dans l’Église) il suffirait d’avoir honte ! Dans l’Église, nous devons demander pardon pour cela« , a-t-il déclaré, précisant que chaque institution devait s’excuser pour les crimes dont elle était responsable.

Ce 27 septembre en fin de journée, à Bruxelles, François devrait rencontrer hors presse 15 victimes de violences sexuelles dans un lieu que l’archidiocèse n’a pas souhaité communiquer. A la résidence royale, il a également déclaré « attristé » par « le drame » de la « adoptions forcées ».

« Dans ces histoires douloureuses, le fruit amer d’un crime se mêlait à ce qui était malheureusement le résultat d’une mentalité répandue dans toutes les couches de la société.a-t-il déclaré. Souvent, la famille et d’autres acteurs sociaux, y compris l’Église, pensaient que pour éliminer la stigmatisation négative qui frappait malheureusement la mère célibataire à l’époque, il valait mieux, pour le bien de la mère et de l’enfant, que ce dernier être adopté. »

Reste à savoir si ces propos et la rencontre à venir seront suffisants sur des sujets où François est très attendu en Belgique.

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