Les taux de la Banque centrale européenne vont baisser de 0,25 point, mettant fin aux hausses continues depuis l’été 2022. Mais la rapidité et la durée des futures baisses de taux restent « très incertaines », a prévenu Christine Lagarde.
Un peu de répit pour l’économie européenne : pour la première fois après deux ans de hausses, la Banque centrale européenne va baisser ses taux directeurs de 0,25 point, a-t-elle annoncé ce jeudi 6 juin. La dernière fois qu’elle a baissé ses taux, c’était en septembre 18 décembre 2019. Le taux de dépôt a ainsi été réduit de 4% à 3,75%. Une annonce cependant très attendue, dont l’effet immédiat devrait être limité, notamment sur les marchés. La rapidité et la durée des futures baisses de taux de la Banque centrale européenne (BCE) restent « très incertain » a prévenu jeudi sa présidente Christine Lagarde. « C’est un processus qui est en cours (…), ce qui est incertain c’est la vitesse à laquelle on va aller, et le temps que ça va prendre »a-t-elle détaillé, estimant que la trajectoire de l’inflation serait « déplacé ». La banque centrale a toutefois assuré qu’elle « continuera à suivre une approche fondée sur les données, réunion par réunion, pour déterminer le niveau de restriction approprié et sa durée ».
Hausse de prix divisée par quatre
La hausse des prix à la consommation dans la zone euro a été divisée par plus de quatre depuis le record de 10,6% sur un an atteint en octobre 2022, lorsque les prix de l’énergie s’envolaient en raison de la guerre en Ukraine et des perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales liées à la crise. La pandémie de Covid-19 se faisait encore sentir. L’inflation a recommencé à augmenter en mai, atteignant 2,6%, après 2,4% en avril et mars. Mais ce léger bond ne remet pas en cause la tendance baissière de l’agrégat, soulignent les experts.
La BCE souhaite néanmoins que la hausse des prix à la consommation atteigne l’objectif de 2% qu’elle s’est fixé d’ici 2025. Elle est donc attentive « les éventuels effets de second tour des augmentations de salaires », compte tenu de l’accélération à la hausse des accords salariaux, à 4,7% sur un an au premier trimestre 2024, explique Franck Dixmier, responsable de la gestion obligataire chez Allianz GI. Une augmentation significative du coût du travail pourrait se répercuter sur les prix de vente et donc alimenter l’inflation, à moins que les entreprises ne réduisent leurs marges. « Les mois à venir continueront d’être mouvementés », a prévenu jeudi le président de la BCE, évoquant « des obstacles sur la route qui peuvent surprendre » et « dont nous ne sommes pas totalement sûrs de (l’)ampleur ».