La bataille juridique fait rage autour de l'achat d'un domaine en Dordogne
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La bataille juridique fait rage autour de l’achat d’un domaine en Dordogne

La bataille juridique fait rage autour de l’achat d’un domaine en Dordogne

C’était un peu la vente de la décennie dans le vignoble de Bergerac et elle a tourné au fiasco. La Maison Wessman, propriété d’un milliardaire islandais, et le vigneron David Fourtout se livrent depuis plusieurs mois à une intense bataille juridique suite au rachat du Vignoble des Verdots, un domaine de 45 hectares sur la commune de Conne-de-Labarde.

De retour en 2021. Robert Wessman, qui possède déjà le château voisin…

C’était un peu la vente de la décennie dans le vignoble de Bergerac et elle a tourné au fiasco. La Maison Wessman, propriété d’un milliardaire islandais, et le vigneron David Fourtout se livrent depuis plusieurs mois à une intense bataille juridique suite au rachat du Vignoble des Verdots, un domaine de 45 hectares sur la commune de Conne-de-Labarde.

Retour en 2021. Robert Wessman, déjà propriétaire du Château de Saint-Cernin voisin et de son domaine viticole, achète le Vignoble des Verdots, choyé depuis quatre générations par la famille de David Fourtout. Le prix de vente ne sera jamais dévoilé mais il se chiffre certainement en millions. Champagne, sourires et petits fours… tout va bien dans le meilleur des mondes.

Après la vente, le couple Fourtout achète 10 hectares juste à côté et fait construire un chai ultramoderne pour produire un vin de haute précision sous le nom de Château Les Monderys. Mais voilà : fin 2023, bang ! La Maison Wessman refuse de payer le solde de l’achat des Verdots, soit un peu moins de la moitié de la somme, selon les informations recueillies par « Sud Ouest ».

« Clos », un terme réglementé

Le litige porterait sur l’utilisation du terme « clos » sur les étiquettes de la gamme « Clos des Verdots ». La législation telle qu’interprétée par Wessman n’autoriserait l’utilisation de ce terme qu’à condition que les raisins proviennent de parcelles « délimitées par une clôture formée de murs ou de haies » (1). Or, tel n’était pas le cas au moment de la transaction. Pour conserver ce terme, il faudrait donc, à grands frais, installer des haies ou des clôtures autour des parcelles concernées.

Faux, répond Christine Jaïs, l’avocate de David Fourtout. La parcelle en question n’a pas besoin d’être clôturée mais il faut juste qu’elle bénéficie d’une autonomie culturelle. « Il y a une dizaine de propriétés qui utilisent cette appellation, à Bergerac, et aucune n’est clôturée. Je m’étonne d’ailleurs qu’ils (NDLR : les nouveaux propriétaires) vendent encore ces bouteilles par centaines s’ils jugent qu’elles sont frauduleuses. »

« Nous ne sommes pas fondamentalement inquiets. Le problème, c’est d’être payés. »

Pour elle, son client a surtout affaire à des mauvais payeurs. « Il a exploité pendant deux ans sans rien dire et il a constaté le problème deux semaines avant de payer », grommelle l’avocate. « Nous ne nous préoccupons pas du fond. Nous avons gagné tous les jugements jusqu’à présent. Le problème, c’est d’être payé. »

Sans commentaires

Du côté de Wessman, le mot d’ordre est : « pas de commentaires ». « Il s’agit d’une affaire judiciaire sérieuse et grave qui est en cours », a écrit en réponse le responsable des relations presse du groupe. « En tant que telle, nous pensons qu’elle doit rester confidentielle jusqu’à ce que les tribunaux se prononcent. »

Réponse similaire du PDG de Maison Wessman, interrogé par Sud Ouest : « Nous restons calmes et professionnels », a déclaré James de Roany. « La justice tranchera et nous appliquerons la décision de la justice. »

(1) Décret du 4 mai 2012 relatif à l’étiquetage et à la traçabilité des produits vitivinicoles

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