Les dirigeants de Banco Bilbao Vizcaya Argentaria (BBVA), la deuxième banque espagnole, donnent suite à leurs idées. Contraints, fin 2020, d’abandonner une fusion avec Banco Sabadell, numéro quatre du secteur, faute d’accord sur les conditions de l’opération, ils sont revenus à la charge fin avril 2024, en proposant à leur cible une fusion à l’amiable. Sévèrement rejetées, elles ont décidé de lancer jeudi 9 mai une offre publique d’achat hostile (OPA), la première dans le secteur bancaire espagnol depuis 1987.
Pour former un groupe qui compterait plus de 95 millions de clients dans le monde, BBVA offre aux actionnaires de Sabadell la possibilité d’échanger chacun de leurs titres contre 4,83 de ses propres actions. Un ratio qui valorise Sabadell à un peu moins de 11 milliards d’euros, contre 58 milliards d’euros pour BBVA, dont l’action a chuté de 6% jeudi à la Bourse de Madrid.
Les termes de l’offre publique d’achat sont similaires à ceux de l’offre initiale présentée en avril par BBVA – Sabadell avait alors jugé que cette offre sous-évaluait « sensiblement » son potentiel de croissance. Entre-temps, la banque d’origine catalane (elle a déménagé son siège à Alicante, dans le sud-est du pays, en 2017 peu après la déclaration avortée d’indépendance de la Catalogne) avait lancé la contre-offensive en rendant publique la lettre adressée le 5 mai à son président par celui de BBVA. Ce dernier, Carlos Torres Vila, a notamment expliqué que son groupe n’avait « aucune marge de manœuvre » pour améliorer son offre de mariage.
« Une opération contraire aux intérêts de notre pays. »
Pour résister aux attaques de son prétendant insistant, Sabadell sait qu’elle peut compter sur le soutien du pouvoir politique madrilène, à quelques jours des élections régionales en Catalogne le 12 mai.
Le ministre de l’Économie, Carlos Cuerpo, interrogé par la chaîne de télévision publique La 1, a en effet critiqué l’offre publique d’achat. « tant sur la forme que sur le fond » en mentionnant « effets potentiellement nocifs » sur le système financier espagnol et sur l’emploi. Il a prévenu que le gouvernement » le dernier mot « sur le dossier. Avant lui, la ministre du Travail, Yolanda Díaz, du mouvement de gauche Sumar, avait critiqué « une opération contraire aux intérêts de notre pays ».
Faute de soutien politique, BBVA a choisi de s’appuyer sur des arguments économiques et financiers pour tenter de convaincre l’actionnariat de Sabadell, très fragmenté puisque le premier actionnaire, le gestionnaire d’actifs américain BlackRock, ne détient qu’un peu plus de 3 % du capital.
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