« Avons-nous tordu le cou de l’inflation ? Non ! Est-ce qu’on le fait ? Oui ! », a affirmé la présidente de la BCE, Christine Lagarde, à l’issue de la réunion de politique monétaire délocalisée à Ljubljana, capitale de la Slovénie.
Depuis septembre, toutes les données disponibles confirment que « la désinflation est en bonne voie », selon le communiqué de l’institut de Francfort.
La BCE a donc, comme prévu, réduit le taux de dépôt, qui sert de référence pour les conditions de crédit dans l’économie, de 0,25 point de pourcentage, à 3,25 %.
Avec ce deuxième assouplissement monétaire consécutif, de même ampleur qu’en septembre, les gardiens de l’euro ont pris le contre-pied de la prudence affichée il y a un mois : ils avaient alors donné le sentiment de vouloir attendre décembre pour assouplir la vis monétaire à nouveau.
Une croissance en berne
L’inflation a ralenti plus que prévu en septembre, à 1,7% sur un an, pour la première fois depuis plus de trois ans sous le seuil de 2%, l’objectif fixé par l’institution de Francfort. L’inflation sous-jacente, hors volatilité des prix de l’énergie et des produits alimentaires, est tombée à 2,7 % sur un an.
Dans le même temps, des signaux inquiétants se sont accumulés pour l’économie du Vieux Continent, ce qui n’est pas sans risque pour la trajectoire des prix. « Nous sommes préoccupés par la croissance dans la mesure où elle a un impact sur l’inflation », a expliqué Christine Lagarde.
Autrement dit, si la situation économique se dégradait de manière trop significative, cela risquerait de laisser l’inflation durablement en dessous de l’objectif de la BCE, obligeant cette dernière à assouplir sa politique de soutien à l’économie et aux prix, comme ce fut le cas à partir de 2015.
Décembre reste ouvert
Concernant la poursuite de la politique monétaire, la BCE n’a « pas dévoilé son jeu », commentent les analystes de DZ Bank, Christine Lagarde choisissant de ne donner aucune indication précise.
La poursuite de l’assouplissement monétaire reposera « sur les données économiques futures », comme les mois précédents.
Un signal cependant : la BCE s’attend désormais à un retour de l’inflation à l’objectif « courant 2025 », et non plus « durant la deuxième partie de 2025 » comme c’était le cas auparavant, signe que cela pourrait intervenir plus rapidement que prévu et donc influencer son cours.
La BCE a fortement relevé ses taux dans le sillage de la reprise post-Covid-19 puis de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui a fait flamber les prix de l’énergie, avant de relâcher l’étau à partir de juin dernier.