La Banque centrale européenne accélère la baisse de ses taux d’intérêt
Cette fois, la Banque centrale européenne (BCE) est clairement sur une lancée. Pour la troisième fois en quatre réunions, elle a annoncé, jeudi 17 octobre, depuis le château de Brdo (Slovénie), où s’est tenue sa réunion, une baisse de ses taux d’intérêt, son taux directeur passant de 3,5% à 3,25%. Celui-ci était encore de 4% début juin. Et si Christine Lagarde, sa présidente, refuse de s’engager sur l’avenir, tout indique que la tendance va se poursuivre.
« Notre scénario de base est que la BCE réduise à nouveau ses taux en décembre, puis à chaque réunion du Conseil des gouverneurs jusqu’en juin 2025. »prédit Frederik Ducrozet, directeur des études économiques chez Pictet, société de gestion d’actifs. Cela ramènerait le taux directeur à 2 %, soit une réduction de moitié en un an. Si cela se confirme, la politique monétaire européenne aura achevé sa phase « restrictive », durant laquelle elle a volontairement ralenti la croissance au nom de la lutte contre l’inflation.
Cette nouvelle baisse des taux ce jeudi est une réaction aux mauvaises surprises concernant la croissance du début de l’automne. Contrairement aux prévisions optimistes qui étaient encore faites avant l’été, tous les indicateurs sont en baisse. L’Allemagne sera probablement en récession cette année. La consommation des ménages n’augmente pas, malgré un rebond des salaires réels (corrigés de l’inflation). L’investissement des entreprises est également atone, et celui des ménages est en légère baisse.
Goutte en trompe l’oeil
Certes, M.moi Lagarde continue de miser sur un « atterrissage en douceur »c’est-à-dire contrôler l’inflation sans briser l’économie. « La zone euro ne va pas vers la récession »assure-t-elle. Mais récent « surprises baissières » les indicateurs économiques, pour reprendre les termes de la BCE, pointent vers une économie médiocre.
Quant à l’inflation, qui est l’objectif officiel de la BCE, elle a » surpris « vers le bas, de l’aveu même de Mmoi Lagarde. « Je ne pense pas que nous nous attendions à une inflation de 1,7 %. (pour la zone euro) en septembre »elle admet. Ce chiffre était inférieur aux prévisions. C’est la première fois depuis juin 2021 que l’inflation repasse en dessous de 2%, objectif de l’institution.
Certes, cette baisse est légèrement trompeuse. Elle fait suite à une forte baisse des prix de l’énergie par rapport à septembre 2023, et cet effet s’atténuera dans les mois à venir. L’inflation devrait donc légèrement rebondir d’ici fin 2024. Mais tous les signaux vont dans le bon sens : une inflation dite « sous-jacente » (hors alimentation, énergie, tabac et alcool), moins volatile. , est de 2,7%, également en baisse ; Quant aux prix du secteur des services, très dépendants des salaires, ils sont tombés sous la barre des 4%, à 3,9%. « Avons-nous tordu le cou de l’inflation ? Pas encore. Mais sommes-nous près d’y arriver ? Oui « conclut M.moi Lagarde. Une vision largement partagée par les économistes : « La bataille de l’inflation semble gagnée, même s’il subsiste quelques tensions sur l’inflation intérieure »estime Michel Martinez, économiste pour la zone euro à la Société Générale.
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