DÉCRYPTAGE – Toujours décisif en équipe de France, avec toute la confiance de Didier Deschamps, l’attaquant parisien de 25 ans peine à trouver sa place au Paris-SG.
« C’est un joueur de haut niveau »Luis Enrique ne manque jamais de sortir le cirage à chaussures lorsqu’il s’agit de Randal Kolo Muani. « Je suis très satisfait de lui »il l’a souvent expliqué la saison dernière. Sauf qu’avec l’entraîneur espagnol, il y a des paroles et des actes, et son « Les actes parlent plus fort que (ses) paroles »comme il l’avait dit au début de son mandat. Et la vérité, c’est que l’ancien Nantais démarre dans la peau d’un joker de luxe dans l’esprit de l’ex-coach du Barça, ni plus, ni moins. Titulaire et buteur au Havre (1-4), en lever de rideau, alors que plusieurs joueurs clés étaient au repos, « RKM » est sorti du banc contre Montpellier (6-0) et à Lille (1-3), encore un buteur face aux Dogues.
Il n’y a aucune raison que cela change immédiatement, même si à l’approche de la Ligue des Champions, et de PSG-Gérone mercredi prochain, au Parc des Princes, « Lucho» pourrait être tenté de revenir à ses habitudes en matière de turnover en championnat. Kolo Muani et consorts, comme Kang-in Lee ou le nouveau venu Désiré Doué, en profiteront peut-être pour obtenir plus de temps de jeu que d’habitude et une place de titulaire contre Brest, ce samedi (21 heures), lors de la quatrième journée de Ligue 1. D’autant que la trêve internationale a apporté son lot de blessés, à savoir Vitinha et Warren Zaïre-Emery. En tout cas, le natif de Bondy est arrivé l’été dernier pour 95 M€ afin de disputer la rencontre avec Ramos, débauché pour un total de 80 M€, en vue du poste d’avant-centre. Il a débuté les six derniers matches de C1 en 2023-24, avec seulement 42 minutes au total en phase finale. Au final, le bilan numérique de sa première saison (11 buts, 6 passes décisives) n’est pas infâme. Mais son statut et sa confiance sont clairement érodés.
A lire aussiPSG : Mbappé, Ligue des champions, Barcola, DAZN… les mots de Luis Enrique avant Brest
Question de profil
Problème ? Le côté droit appartient à Ousmane Dembélé, tandis que Bradley Barcola a pris possession de l’aile gauche. Et dans l’axe, on a compris que Luis Enrique n’apprécie que moyennement le profil de Randal Kolo Muani. Pour lui, un numéro 9 doit être un « homme-cible » qui touche peu de ballons ou un joueur qui recule pour apporter l’homme supplémentaire au milieu. Dans ces conditions, les espoirs du numéro 23 parisien ne peuvent qu’être limités. Le départ de Kylian Mbappé n’a donc pas ouvert de boulevard à l’ancien Canari.
A lire aussiConflit Mbappé/PSG : gentlemen’s agreement, harcèlement, interdiction de recrutement… Cinq questions pour tout comprendre
En fait, si Nasser Al-Khelaïfi n’avait pas tant travaillé pour le recruter à Stuttgart et que son prix d’achat n’avait pas été aussi élevé, il y a fort à parier que le joueur concerné aurait été exfiltré, à l’image de Manuel Ugarte. Pour jouer au PSG, il faut rentrer dans le moule de Luis Enrique. Cela ne remet pas en cause les qualités de « Kolo»mais c’est comme ça. C’est aussi pour des questions de compatibilité technique et tactique que Luis Enrique n’a pas poussé pour attirer Victor Osimhen. « Si vous regardez les deux derniers matchs, en 9, on peut jouer avec Asensio, Kolo Muani, Ramos, Barcola, Dembélé, mais aussi Warren, Hakimi, Vitinha, Neves, Fabian… Cela fait 10. Même chose avec les défenseurs. J’ai un effectif très polyvalent, beaucoup de joueurs qui peuvent jouer à beaucoup de postes. »a juré Luis Enrique avant le match à Lille.
C’est à Kolo Muani de trouver sa place. Et de profiter de chaque minute qui lui est donnée pour se montrer. « Si quelqu’un marque 40 buts, on ne ferme pas les portes. Mais si on a quatre joueurs qui marquent 12 buts, ça fait 48 au total, donc c’est encore mieux. »a souri le technicien espagnol avant la fin du mercato. Un marché des transferts durant lequel le Paris Saint-Germain a donc attiré Doué après avoir échoué dans le dossier Khvicha Kvaratskhelia.
A lire aussiMbappé/PSG : la commission juridique de la LFP donne raison au joueur, le club attend une décision de justice… La guerre est déclarée
Quand je dois l’appeler, il répond.
Didier Deschamps
Kolo Muani fera-t-il partie de ces joueurs à 12 buts en fin de saison ? On verra bien. En attendant, le joueur concerné peut se réjouir d’avoir la confiance de Didier Deschamps. Invité surprise du Mondial 2022, il fait désormais partie des habitués du Château. Et il était attendu dans le 11 de départ contre l’Italie, avant de devoir déclarer forfait à la dernière minute pour cause de maladie. « Il a confiance avec nous. Vous connaissez la situation dans son club. Il peut occuper plusieurs postes. Il avait de très bonnes intentions mais il a eu ce petit problème la veille du match qui l’a empêché d’être disponible mais il sera concerné pour le match de lundi, il va bien »avait indiqué « DD» avant France-Belgique. Et il a tenu parole, en confiant à Randal Kolo Muani un rôle de titulaire lors de la victoire 2-0 contre les Diables Rouges à Lyon.
Meilleur buteur des Blues en 2024
Le joueur de 25 ans n’en a pas profité pour signer le match de l’année (6 dans les notes du Figaro ). Mais il a brillé par son sens du devoir au Groupama Stadium. Et il a marqué, encore. Le meilleur buteur de l’équipe de France en 2024, c’est lui. Improbable mais vrai. Un but plein de rage, plein de puissance, comme pour se libérer du carcan qui est le sien au Paris Saint-Germain.
« Avec nous, il marque, il est dans un climat de confiance, mais ça fait longtempsa noté Didier Deschamps après France-Belgique. Même s’il a encore des choses à améliorer… Avec son club, même s’il n’a pas joué tous les matchs, il a marqué, notamment le dernier de la tête (contre Lille). C’est bien. Il est avec nous depuis un moment. Il n’est pas toujours titulaire mais je sais que quand je dois faire appel à lui, il répond présent..
A noter que les trois buts français lors de la dernière rencontre ont été inscrits par… trois joueurs du PSG, Kolo Muani, Ousmane Dembélé et Bradley Barcola. « Je n’ai aucun doute qu’ils joueront ensemble dans de nombreux matches. Ils s’entendent très bien et je le constate tous les jours à l’entraînement. »glisse Luis Enrique, qui en rajoutait une couche, avant Brest, sur la polyvalence de ses joueurs, notamment pour le poste d’attaquant central, attribué à Marco Asensio en début de saison. « J’ai beaucoup d’options à ce poste et à d’autres. J’aime toutes ces options, chacune apporte des choses différentes, avec Marco Asensio, Randal Kolo Muani, Kang-in Lee, Désiré Doué, Joao Neves… Nous sommes dans une situation de polyvalence et nous avons la certitude que les joueurs qui seront amenés à jouer le feront de la meilleure des manières. Je suis donc très serein. »il l’admet, malicieusement.
A lire aussiLigue 1 : Zaïre-Emery et Vitinha forfaits pour PSG-Brest, incertitude pour le jeune papa Donnarumma
Enfin libre ?
Deux salles, deux ambiances entre club et sélection pour l’ancien Canari. Luis Enrique n’est pas en désaccord mais veut voir le verre à moitié plein : « J’essaie, avec mes outils, de révéler la meilleure version de tous les joueurs. On le connaît, un joueur de très haut niveau. Il y a beaucoup de pression sur lui parce qu’il est revenu dans son club, sa ville, les problèmes avec son transfert… Je cherche la meilleure version de Kolo Muani. Je le vois chaque jour plus confiant, plus détendu. Il a marqué des buts, et ça permet forcément de mieux conditionner un attaquant. J’ai aimé ce que j’ai vu l’année dernière, j’ai aimé cette version de Kolo Muani, on peut l’améliorer, et je pense qu’on verra une version plus libérée de Kolo Muani, plus capable de trouver sa plénitude. Quand il s’exprime au mieux, c’est un joueur de très haut niveau. »Reste à savoir s’il réussira au Paris-SG comme c’est le cas en Bleu.