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« Kinds of Kindness », une variation désagréable sur le libre arbitre

Types de gentillesse*

par Yorgos Lanthimos

Film anglo-américain, 2h45

Il avait à peine fini Pauvres créaturescouronné d’un Lion d’Or à la Mostra de Venise l’année dernière, que Yorgos Lanthimos a réalisé ce Sortes de gentillesseavec la même Emma Stone, et a été sélectionné en compétition au Festival de Cannes.

Un projet à moindre budget et un film à sketches composé de trois histoires, variations autour du libre arbitre et de l’influence, qui renouent avec le grillage et, pour le dire sans détour, l’ironie désagréable de ce réalisateur atypique. Les envolées baroques et l’imagination créatrice de ces deux derniers films laissent place à l’étroitesse d’un cinéma dont le cynisme et la provocation semblent être les seuls moteurs.

Une escalade vers l’obscurité et le macabre

Dans le premier volet, le plus réussi, un homme (Jesse Plemons) se conforme jusqu’à l’absurdité aux exigences de son patron (Willem Dafoe). Cette dernière lui dicte, chaque jour de sa vie et pendant des années, ce qu’il doit porter, manger, lire et comment se comporter, y compris dans l’intimité de sa relation. Jusqu’à ce qu’une de ces revendications le pousse à se rebeller, avec des conséquences pour le moins inattendues.

On retrouve ensuite le même acteur dans le rôle d’un policier, dont l’épouse (Emma Stone) a disparu en mer depuis plusieurs jours. Elle est finalement retrouvée, mais son mari est persuadé qu’une autre femme a pris sa place. Sa paranoïa l’amène à lui exiger des choses absurdes pour prouver sa bonne foi. Enfin, deux membres d’une secte, à la recherche de leur prophète, sont éprouvés par la tentation d’un retour à leur vie passée et en paieront cher le prix.

Ces « sortes de bienveillance », qui donnent son titre au film, sont celles que nous sommes capables de faire par amour, par aveuglement ou par foi dans les autres. Un euphémisme puisque Yorgos Lanthimos orchestre une escalade vers l’obscurité et le macabre. De l’esthétique très stylisée de ses récits à la musique stridente qui les accompagne, tout est fait pour provoquer embarras et malaise. Seule la performance de la troupe d’acteurs – qui redistribue les rôles à chaque histoire -, à commencer par celle de Jesse Plemons dont la naïveté inquiétante a été couronnée par un prix d’interprétation à Cannes, sauve les 2 heures 45 minutes de ce très long-métrage.

• Non ! *Pourquoi pas ** Bon film *** Très bon film **** Chef d’oeuvre

William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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