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Kiev veut aligner sa gestion des frontières sur les standards européens

La mise en conformité de la gestion des frontières ukrainiennes avec les standards européens est-elle le parent pauvre des négociations d’adhésion à l’UE ? Les mesures prises par l’Ukraine pour lutter contre la corruption et le blanchiment d’argent, ou pour réformer le système judiciaire ou la réglementation agricole, qui sont des obstacles au processus d’intégration européenne, sont régulièrement débattues dans les médias. La question du contrôle et de la gestion des frontières ukrainiennes l’est beaucoup moins.

Elle constitue pourtant un élément crucial du premier des 35 « chapitres » du processus d’adhésion – celui du « screening » – au cours duquel la Commission européenne mesure l’écart entre la législation ukrainienne et l’« acquis communautaire », l’ensemble des règles européennes en matière d’environnement, d’énergie ou encore d’État de droit.

La frontière la plus longue

En cas de fin de guerre, hélas encore hypothétique, et de retour aux frontières de 1991, la frontière orientale de l’Ukraine deviendrait de loin la plus longue frontière terrestre entre l’Union européenne et les pays tiers. Avec 2 295 kilomètres, elle serait bien plus longue que celle qui sépare la Finlande et la Russie (1 974 kilomètres).

Preuve de l’importance de cette question, une délégation de la Mission de conseil de l’Union européenne sur la réforme du secteur de la sécurité civile (EUAM), dirigée par sa cheffe adjointe Maura O’Sullivan, s’est rendue le 14 août aux postes-frontières de Krakovets et Shehyni, à la frontière entre l’Ukraine et la Pologne. L’objectif de la visite, selon un communiqué, était de « renforcer la coopération » et de « soutenir les efforts de l’Ukraine pour s’aligner sur les normes de l’UE en matière de gestion intégrée des frontières ».

Cette « gestion intégrée des frontières » désigne l’ensemble des systèmes et agences dédiés à la protection extérieure de l’espace Schengen, chargés d’améliorer l’efficacité des contrôles et la sécurité des frontières, tout en préservant la libre circulation des biens et des personnes au sein de cet espace.

Les subventions européennes

La pièce maîtresse de ce dispositif est l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, Frontex : « De tous les partenaires de l’Agence qui ne sont pas membres de l’UE, l’Ukraine est l’un de ceux qui ont la plus longue expérience de coopération bilatérale avec Frontex », explique Katarzyna Volkmann, porte-parole de l’agence, aux « Echos ».

Selon elle, Frontex partage avec Kiev ses « connaissances et son expertise, ainsi qu’une assistance technique » pour protéger les frontières du pays. Afin de faciliter la conformité de la gestion des frontières ukrainiennes avec l’UE, un accord de subvention a été signé fin 2023 entre le service ukrainien de protection des frontières et Frontex.

L’agence s’est engagée à fournir pour 12 millions d’euros d’équipements aux gardes-frontières ukrainiens, notamment de nouveaux uniformes, des générateurs et de nouvelles voitures de patrouille. « Frontex conseille et assiste les autorités ukrainiennes dans un processus de réflexion sur la nouvelle stratégie pluriannuelle de gestion intégrée des frontières », ajoute Katarzyna Volkmann.

Améliorer la surveillance

En avril, un centre de coordination de la gestion intégrée des frontières a été inauguré en Ukraine avec le soutien de l’UE. Chargé d’améliorer l’efficacité de la surveillance et de la gestion des frontières, il réunit, du côté ukrainien, le Service national des gardes-frontières, le Service national des douanes, la Police nationale et le Service national des migrations, et, du côté européen, des représentants de Frontex et de l’EUAM.

Eleon Lass

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