Kiev attaque la Russie au sol lors d’un raid audacieux
L’armée ukrainienne est donc entrée en Russie. Ces dernières heures, les forces de Kiev ont franchi la frontière dans l’oblast de Koursk, au nord de Kharkiv, avançant sur une dizaine de kilomètres. Alors que depuis des mois l’Ukraine est sur la défensive, encaissant les coups face aux efforts répétés d’une armée russe qui s’est suffisamment réorganisée pour reprendre l’initiative…
L’armée ukrainienne est donc entrée en Russie. Ces dernières heures, les forces de Kiev ont franchi la frontière dans l’oblast de Koursk, au nord de Kharkiv, en progressant d’une dizaine de kilomètres. Alors que l’Ukraine est sur la défensive depuis des mois, sous le coup des efforts répétés d’une armée russe qui s’est suffisamment réorganisée pour reprendre l’initiative, cette incursion est une véritable surprise. Et la preuve que les Ukrainiens, malgré leurs difficultés, ont encore des ressources.
Selon les observateurs, un millier de soldats ukrainiens, équipés de véhicules blindés, ont lancé cette opération soudaine. Si, depuis le début de la guerre, Kiev a souvent cherché et réussi à exporter la guerre en Russie, notamment par des frappes de drones et de missiles détruisant aussi bien des avions que des navires de guerre russes, c’est la première fois que ses forces s’engagent au sol en territoire ennemi.
« Il y a eu des précédents », nuance Peer de Jong, vice-président de l’institut Themiis et ancien chef du 3e régiment d’infanterie de marine de Vannes, « mais les soldats qui entraient en Russie pour combattre étaient ceux des unités russes pro-ukrainiennes de la Légion de la Liberté, comme ce fut le cas à Belgorod en juin 2023. » Cette fois, ce sont bien des soldats ukrainiens qui sont à l’offensive.
Intelligence
Pour Peer de Jong, l’engagement de ce millier d’hommes confirme, une fois de plus, la qualité du renseignement dont bénéficie Kiev, notamment américain. « Il y aurait près de 700 000 soldats russes mobilisés, mais on ne peut pas tenir une telle ligne de front dans son intégralité, explique-t-il. Et les Ukrainiens ont un très bon niveau d’information. »
C’est ce qui leur aurait permis de trouver une brèche et de se lancer dans ce qui apparaît, à ses yeux, comme un « raid blindé avec deux bataillons » : « C’est une opération de va-et-vient, car on ne peut pas tenir une région avec mille hommes. » L’objectif serait donc d’avancer le plus loin possible, d’infliger le maximum de dégâts et de se retirer.
Bon pour le moral
« Il ne faut pas négliger le ressort psychologique d’une telle opération, insiste-t-il, car les Ukrainiens reculent sur tous les fronts depuis des mois. L’impact est donc fort. Cela permet de remonter le moral. Les Ukrainiens sont bons dans ce genre d’opération. Dans le sud, ils ont traversé le Dniepr et ont résisté plusieurs semaines. »
Une chose est sûre : à Moscou, Vladimir Poutine a pris cette percée au sérieux, dénonçant une « provocation de grande ampleur ». Surtout, l’oblast de Koursk abrite une station-service appartenant au géant Gazprom. « Il a tenu une conférence télévisée avec Gerasimov, le chef d’état-major des armées, et Belousov, le ministre de la Défense, ce qui est un signe que ce qui se passe est important », souligne-t-il.
Pour prouver sa détermination à ne pas laisser prospérer cette offensive, des renforts sont envoyés. « Un bataillon d’assaut Wagner a réduit de 120 hommes une compagnie ukrainienne », assure Peer de Jong. Quelle que soit l’issue de ce raid, il aura montré aux Russes qu’eux aussi ne sont pas en sécurité.