Kering s’enfonce encore plus dans la crise
Le groupe de luxe Kering poursuit son déclin, avec des ventes au troisième trimestre en baisse de 15% sur un an et une estimation de son résultat opérationnel courant en 2024 qui « pourrait être d’environ 2,5 milliards d’euros « . Le résultat opérationnel en 2023 s’élève à 4,7 milliards d’euros, déjà en baisse par rapport aux 5,589 milliards d’euros de 2022.
Le groupe invoque « de fortes incertitudes pesant sur l’évolution de la demande des consommateurs de luxe dans les mois à venir (et a) un ralentissement plus marqué que prévu observé au cours du troisième trimestre », selon un communiqué publié ce mercredi.
» Notre priorité absolue est de créer les conditions d’un retour à une croissance saine et durable, tout en renforçant encore la maîtrise de nos coûts et la sélectivité de nos investissements. », déclare le PDG François-Henri Pinault cité dans le communiqué.
Des résultats en berne, mais pas surprenants. Et pour cause, dès le premier semestre, le groupe affichait un bénéfice net divisé par deux, à 878 millions d’euros et un chiffre d’affaires en baisse de 11% sur un an, à 9 milliards d’euros. Lors de cette publication, le groupe avait déjà expliqué qu’il s’attendait à un second semestre difficile, en raison de « incertitudes pesant sur l’évolution de la demande (…) dans les mois à venir (et) après le ralentissement observé au premier semestre 2024 « .
Dans le détail, les ventes de Gucci ont chuté de 26% à 1,64 milliard d’euros. Le chiffre d’affaires d’Yves Saint Laurent est en baisse de 13%, à 670 millions d’euros et celui de la division » d’autres maisons », qui inclut Balenciaga, de 15% à 686 millions d’euros. Les ventes de la très chic marque Bottega Veneta ont augmenté de 4% et atteint 397 millions d’euros, » porté par une croissance à deux chiffres en Amérique du Nord et en Europe occidentale « . Enfin, le chiffre d’affaires de Kering Eyewear et Corporate s’élève à 440 millions d’euros (+32%).
Gucci en pleine restructuration
Depuis des mois, Kering tente de redresser la marque italienne. Début octobre, Kering a nommé un nouveau directeur général de cette marque, Stefano Cantino, qui succédera à Jean-François Palus le 1er janvier. Pour rappel, Gucci représente près de 50 % de son chiffre d’affaires et les deux tiers de sa rentabilité opérationnelle. » Aujourd’hui, Gucci doit trouver une nouvelle énergie et de nouvelles idées pour enthousiasmer les consommateurs. », rapportait à l’AFP mi-janvier Luca Solca, analyste chez Bernstein.
Pour rappel, le segment sur lequel surf la maison phare de Kering est celui du luxe d’entrée et milieu de gamme. Cependant, il est exposé à une clientèle sensible aux problématiques inflationnistes et à la baisse du pouvoir d’achat et qui a réduit ses achats de produits de luxe », après en avoir beaucoup consommé ces dernières années expliquait en février à La Tribune Charles-Louis Scotti, analyste chez Kepler Cheuvreux, responsable de la recherche dans le secteur du luxe.
Sous la direction créative de Sabato de Sarno, les premières créations sont apparues en magasin au début de l’année. Mais la restructuration de la marque devrait encore prendre du temps.
Crise de la consommation de luxe en Chine
Outre cette crise interne, Kering doit faire face à un environnement peu favorable au luxe. Les analystes de Bank of America prédisent que le troisième trimestre sera le pire depuis quatre ans, avec des ventes organiques en baisse de 1 % par rapport à l’année précédente. » Les consommateurs de luxe sont à bout de souffle », estiment les analystes dans une note, citant notamment la dégradation des ventes à la clientèle chinoise.
Selon le cabinet de conseil Bain, les ventes mondiales de produits personnels haut de gamme – vêtements, accessoires et produits de beauté – devraient augmenter cette année entre 0 % et 4 % par rapport à l’année précédente, à taux constants, ce qui constitue le plus important épisode de faiblesse. sur le marché du luxe depuis la pandémie de Covid-19.
Et concernant plus précisément le mois d’octobre, » la saison des résultats s’annonce défavorable pour le secteur du luxe », explique dans une note, l’analyste XTB Antoine Andreani.
Le 18 octobre déjà, LVMH affichait un chiffre d’affaires en baisse de 4,4% au troisième trimestre, après une baisse de déjà 1% au premier semestre. Et le 22 octobre, L’Oréal affiche une croissance organique de 3,4%, mais déçoit tout de même ses investisseurs qui attendaient une hausse de 6% selon le consensus Visible Alpha.
Seul Hermès, qui communiquera ses résultats le 24 octobre, devrait continuer de satisfaire ses actionnaires. La société de gestion Carmignac le déclare « devrait voir son chiffre d’affaires augmenter de 10% partout sauf en Asie (hors Japon) et en France » au troisième trimestre.