Par Laurene Fertin
Publié le
26 avril 24 à 12h40
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On a d’abord pensé qu’il s’agissait d’une tentative de meurtre, puis d’un accident… Finalement, la balle qui a traversé la poitrine de Kendji Girac sur le quartier très fréquenté de Biscarosse, dans les Landes, sur fond d’alcool et de cocaïne, a été une fausse tentative de suicide.
Selon le procureur de la République de Mont-de-Marsan, Olivier Janson, le chanteur de 27 ans a fait semblant de mettre fin à ses jours pour « effrayer sa femme » , pointant l’arme sur lui, sans vérifier si elle était chargée. Le coup (malheureusement) est passé.
Quel est le déclencheur d’une telle situation ? Selon la justice, il s’agit d’un différend avec son partenaire. Alors que le vainqueur de La voix est rentrée ivre avec 2,5 g d’alcool dans le sang, au milieu de la nuit, réveillant leur enfant de trois ans, a-t-elle déclaré je veux le quitter.
Alcool, drogues, dispute… Tous les éléments réunis dans ce contexte nous amènent à penser à une situation de violence domestique. La simulation du suicide, en particulier, entre-t-elle dans cette catégorie ?
« C’est caractéristique »
« Je le sais par expérience : dans la majorité des cas, les hommes alcooliques ou toxicomanes menacent de se suicider devant leur compagne », explique Maître Nathalie Tomasini, avocate spécialisée dans les violences conjugales, jointe par actu.fr.
Selon l’avocat au barreau de Paris, il s’agit bien violence psychologique qui s’exerce. « C’est caractéristique. »
Faire semblant de se suicider ou menacer de le faire vous permet de renforcer le contrôle que vous avez sur votre partenaire.
«C’est d’autant plus vrai que cette femme n’est pas une voyageuse et qu’elle a été très mal accueillie», ajoute Me Nathalie Tomasini.
« Il ne faut pas inverser les rôles »
Dans ce cas, Kendji Girac est deux victimes, selon l’avocat. Premièrement, sa femmequi va se sentir coupable pour avoir plongé son compagnon dans une telle situation. « Il sera montré responsable de sa détresse : elle voulait partir, ça le rendait malheureux et il souffrait tellement qu’il est passé à l’action », résume Me Nathalie Tomasini.
D’autre part, leur fille qui se trouvait dans la caravane lorsque le coup de feu a été tiré. « Elle restera traumatisée pendant de nombreuses années », estime l’avocat.
« Mais il ne faut pas inverser les rôles », prévient Me Tomasini qui se dit « personnellement choquée » par les messages à l’avantage de Kendji Girac, le faisant apparaître comme une victime. « On le plaint, on remet en question la suite de sa carrière… »
L’arbre qui cache la forêt
En réalité, atteindre un tel niveau de violence ne vient pas de nulle part.
Il est très probable qu’une violence psychologique existe bien à l’avance. On n’atteint pas une violence extrême, comme c’est le cas actuellement, s’il n’y a pas eu de violence depuis des mois et des mois.
» Nous ne connaissons pas la vie quotidienne de cette femme», souligne l’avocat. « Et, comme dans de nombreux cas aussi, elle a certainement dû minimiser tout ce qui se passait. »
Selon Olivier Janson, procureur de Mont-de-Marsan, la jeune femme avait actes de violence déjà évoqués dans le passé : le chanteur l’avait menacée « de se mettre une balle dans la peau et (de) lui trancher la gorge » lors de disputes. L’alcool était également omniprésent dans leur quotidien : « Ses ivrognes étaient de plus en plus nombreux et plus longs et pouvaient durer 48 heures », rapporte Olivier Janson.
Mais pas d’actes de violence physique n’était pas indiqué. « Dans l’esprit commun, la violence domestique est associée à la violence physique. Mais on oublie l’existence et l’impact de la violence psychologique » , ajoute M. Tomasini.
Le cas similaire d’Alexandra Lange
Jacqueline Sauvage, Valérie Bacot… Me Nathalie Tomasini a défendu devant les tribunaux plusieurs femmes accusées d’avoir tué leur conjoint. En 2009, elle représente Alexandra Lange. Son partenaire tente de l’étrangler après qu’elle lui ait dit qu’elle voulait le quitter. Et le tue d’un coup de couteau. « Elle avait épousé un homme issu de la communauté itinérante, elle n’en faisait pas partie », précise l’avocat. Les violences qu’ils subissaient étaient quotidiennes. Jusqu’à ce qu’ils mettent Alexandra Lange dans une situation d’extrême violence. Elle a finalement été acquittée.
Jusqu’à cinq ans d’emprisonnement
Kendji Girac peut-il être puni pour avoir fait semblant de se suicider devant sa femme ?
Violence domestique sont régies par les articles 222-1 à 222-67 du Code pénal. Et la violence psychologique, justement, à l’article 222-14-3 : « La violence (…) est réprimés quelle que soit leur nature, y compris s’il s’agit de violences psychologiques. »
Mais pour cela, la femme de Kendji Girac doit déposer une plainte et faire valoir une ITT (incapacité totale de travail), cette unité de mesure pénale permettant d’évaluer un traumatisme suite à des violences. En cas de violences psychologiques, l’ITT est estimée par un psychiatre légiste objectif et neutre.
- Si l’ITT est estimée durer moins de huit jours, Kendji Girac encourt jusqu’à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende ;
- Au-delà de huit jours d’ITT, le chanteur risque jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.
L’épouse de Kendji Girac va-t-elle porter plainte ? Pour l’instant, aucune information n’a été communiquée à ce sujet. » Il n’est pas encore trop tard pour elle», glisse Me Tomasini. Légalement, elle dispose de six ans pour le faire.
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