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Kazuo Shii, du Parti communiste japonais : « Nous voulons sortir de ce cercle vicieux de la guerre »

Sa détermination n’est pas encore ébranlée. Kazuo Shii a accepté de répondre à nos questions, malgré une série de rendez-vous européens pour la délégation du Parti communiste japonais. L’ancien président du PCJ et actuel président du Comité central est en tournée pour présenter ses « propositions pour la construction de la paix en Asie de l’Est ». Rédigé en collaboration avec l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN), ce texte promeut la démilitarisation de la région et l’opposition aux visées impérialistes des États-Unis et de la Chine.

Kazuo Shii connaît bien les dangers d’un alignement avec Washington. Plus de 50 000 soldats américains sont stationnés au Japon, notamment à Okinawa, et la droite au pouvoir ne cesse de détricoter la constitution pacifiste du pays pour faire face à la course à l’armement entre les deux superpuissances. Alors qu’un nouveau Premier ministre doit prendre le pouvoir à la fin du mois, les communistes veulent rallier le plus de monde possible à leurs idées avant les élections générales de 2025.

Le Premier ministre Fumio Kishida a annoncé qu’il transmettrait le pouvoir à un autre responsable du Parti libéral-démocrate (PLD) fin septembre. Que pensez-vous de cette situation ?

Kazuo Shii

Président du Comité central du Parti communiste japonais

La démission de Fumio Kishida intervient après un scandale de fraude fiscale de grande ampleur. Akahata (l’organe de presse du PCJ – NDLR) a été l’un des premiers à tirer la sonnette d’alarme à ce sujet. La colère a peu à peu gagné la population, choquée. Mais aucun des autres candidats du PLD n’a d’idée sur la manière de résoudre ce problème. La base de ce scandale est le néolibéralisme, la déconnexion de la vie quotidienne des gens.

Ce changement de direction intervient quelques mois avant les prochaines élections générales. Vous êtes allié au Parti constitutionnel démocrate (PDC, centre). Comment vous y préparez-vous ?

Outre le rétablissement de la confiance des Japonais, il faut également s’attaquer au problème de la militarisation de l’archipel. Celle-ci s’est énormément accrue sous l’influence des États-Unis. En termes de politique intérieure et de diplomatie, le PLD nous mène dans une impasse.

Nous avons des liens avec le PDC et avons gagné plusieurs fois grâce à cette alliance. Mais la campagne anticommuniste se renforce de plus en plus contre la coalition, donc notre coopération est plus limitée. Notre objectif principal est d’essayer de concentrer nos efforts sur la conquête de sièges et d’influence. Nous visons 6,5 millions de voix, alors que nous en avions 4,1 millions en 2021. C’est une différence significative, mais notre ambition l’est aussi.

En France, en Inde et ailleurs, les communistes forment aussi des coalitions avec les sociaux-démocrates. Pensez-vous que ces alliances sont indispensables ?

Il faut des alliances pour changer de politique, oui. Mais il y a des différences avec la France, par exemple, où l’on assiste à une union de la gauche. Au Japon, nous avons essayé de construire une alliance jusqu’aux partis conservateurs. Le PDC a ses propres positions, mais nous sommes d’accord sur la lutte contre la militarisation menée par le parti au pouvoir.

A Okinawa, plusieurs cas de viols commis par des soldats américains ont été signalés, ce qui a relancé le mouvement de protestation contre les bases américaines sur l’île…

Le PCJ a longtemps été influent dans la préfecture d’Okinawa, qui est occupée par des bases militaires américaines. Tout au long de l’histoire, les incidents ont été nombreux. De nombreux crimes ont été commis par des soldats américains, notamment des viols de jeunes filles japonaises. Les deux pays veulent construire une nouvelle base, sur la baie d’Henoko (à l’est). Mais nous avons continué à mener la protestation contre ce projet auprès de la population en colère. J’espère vraiment que la communauté internationale prêtera attention à ce mouvement de protestation à Okinawa.

Vous venez d’élaborer des propositions de paix en mer de Chine orientale. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous ne pouvons tout simplement pas tolérer l’attitude hégémonique de la Chine en mer de Chine orientale et méridionale. Mais en même temps, nous nous opposons fermement à l’attitude du parti au pouvoir, déterminé à accroître le nombre de bases militaires américaines. Nous voulons sortir de ce cercle vicieux de la guerre. C’est pourquoi nous avons publié nos propositions pour la paix régionale.

Avant de partir, une dernière chose…

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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