Il y a à peine quelques jours, jeudi 23 mai, Emmanuel Macron déclarait qu’il ne voulait pas « traverser », au sujet du projet de loi constitutionnelle dégelant le corps électoral provincial, pour donner une chance au processus d’apaisement, a-t-il ajouté sans clairement lever le délai qu’il avait imposé pour fin juin. Pour le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), mouvement indépendantiste de Kanaky-Nouvelle-Calédonie, ces déclarations n’offrent aucune garantie quant à l’abandon de cette réforme, à l’origine de la crise politique et sociale qui sévit dans l’archipel du Pacifique depuis mi-mai. Le projet d’élargissement du corps électoral a provoqué de violentes émeutes depuis le 13 mai. Sept personnes sont mortes, dont deux gendarmes, et des centaines d’autres ont été blessées dans la crise la plus grave que le territoire ait connue depuis les années 1980.
L’« incompréhension » née du décalage entre les premières déclarations du Président de la République et la réalité du terrain « pose une réelle difficulté et empêche nos militants d’être réceptifs à l’appel au calme et à l’apaisement », indique le FNLKS dans un communiqué. Sur ce constat, afin de « renouer le dialogue » autour du processus de décolonisation et des accords de 1988 (Oudinot) et 1998 (Nouméa), le Bureau politique du mouvement indépendantiste « demande au Président de la République d’être explicite dans ses propos en indiquant clairement qu’il ne convoquera pas le Congrès de Versailles et, par conséquent, abandonnera cette réforme constitutionnelle ». « Une telle annonce contribuera à désamorcer la situation sur le terrain et à apaiser les tensions actuelles pour une reprise des discussions sur l’avenir institutionnel de la Nouvelle-Calédonie » estime enfin le FNLKS.
Lors de sa visite le 23 mai, le chef de l’Etat n’a pas prononcé le mot « retrait » concernant le projet de loi contesté. « Après avoir écouté tout le monde, il a dit, Je m’engage à ce que cette réforme ne soit pas mise en œuvre en force aujourd’hui, et que nous nous donnions quelques semaines pour permettre le calme et la reprise du dialogue en vue d’un accord global. »
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