Occupés en métropole à légitimer l’extrême droite, le chef de l’Etat et le gouvernement poursuivent leur répression coloniale en Kanaky – Nouvelle-Calédonie. Aux 3 000 policiers et militaires déployés, et aux colonnes de blindés Centaures sillonnant les routes, s’ajoute une répression judiciaire féroce, avec près de 1 000 arrestations ces 38 derniers jours et un début de révoltes sur le territoire.
Un nouveau palier a été franchi le 19 juin, avec l’arrestation de personnalités politiques. Huit militants de la Cellule de coordination des actions sur le terrain, la fameuse CCAT, ont été interpellés dans la matinée, juste avant un point presse. « Les principaux dirigeants du CCAT ont été arrêtés alors qu’ils se rendaient à L’Avenir (siège du parti Union calédonienne, une des principales composantes du FLNKS – NDLR) pour la conférence de presse prévue ce matin, dont notre commissaire général. M. Bichou Téin »a réagi l’Union calédonienne (UC).
Des accusations lourdes
Bichou Téin n’est autre que Christian Téin, l’un des dirigeants politiques de l’UC et du CCAT. Ce dernier en est aussi une émanation, un organe de mobilisation politique créé en novembre 2023, avec d’autres partis et syndicats, le plus important étant le Syndicat des travailleurs kanak et des exploités (Ustke).
Le procureur de la République, Yves Dupas, s’est félicité de ces arrestations dans le cadre de l’enquête menée par la gendarmerie de Nouméa avec le concours de « la sous-direction antiterroriste ». Pas étonnant quand on sait que Gérald Darmanin avait ciblé le CCAT en parlant d’un groupe « mafia ».
Les accusations sont lourdes : « Association de malfaiteurs en vue de préparer un crime ou un délit, viol avec arme et en bande organisée, destruction de biens par incendie en bande organisée, complicité par instigation de crimes d’assassinat et tentative d’assassinat de personne détenant l’autorité publique. » Comme l’exige la loi pour les délits potentiels, la garde à vue peut durer jusqu’à 96 heures.
Intimider avant de juger
« Comme on s’en doutait, l’État français persiste dans ses tactiques d’intimidation. Ces arrestations étaient prévisibles »indique l’UC, qui dénonce « arrestations injustes », alors que le procureur semble plus occupé à poursuivre les dirigeants politiques indépendantistes qu’à rechercher les auteurs des meurtres de jeunes Kanaks. L’UC aborde le sujet en ces termes : « Les dirigeants locaux anti-indépendantistes et les miliciens criminels se pavanent librement. » Avant d’appeler les jeunes au calme, « tant sur le terrain que sur les réseaux sociaux »parce que « L’ordre et la justice coloniales sont dangereux ».
Le CCAT a également publié un communiqué destiné en priorité à ses militants, « préparé à cette éventualité ». Des centaines d’indépendantistes sont déjà derrière les barreaux ou tombent sous les balles françaises depuis plus de quarante ans. « Cela fait partie de l’engagement de chacun de nous »écrit le CCAT, qui exhorte « à tous les indépendantistes de ne pas répondre à cette nouvelle provocation ». Depuis le 14 mai, neuf personnes ont été tuées, dont sept jeunes Kanak.