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Kamala Harris s’éloigne de la politique identitaire

Kamala Harris, à Atlanta (État de Géorgie), le 30 juillet 2024.

PPour le véritable lancement de sa campagne, mardi 6 août, aux côtés, pour la première fois, de sa colistière, Kamala Harris, la candidate démocrate à la présidence américaine a choisi la ville de Philadelphie. En plus d’être la capitale de l’Etat crucial de Pennsylvanie, c’est aussi la ville fondatrice de la république américaine, la glorieuse cité où fut rédigée la Constitution à l’été 1787.

Les démocrates aiment se référer au préambule du texte, autant pour ses premiers mots « Nous, le peuple des États-Unis » (« nous, le peuple des États-Unis ») que pour les éléments suivants : « En vue de former une union plus parfaite. » Une expression généralement comprise comme l’aspiration à une forme d’organisation sociale que les Pères fondateurs, dont beaucoup étaient propriétaires d’esclaves, étaient incapables de concevoir : une démocratie multiraciale.

Barack Obama est venu à Philadelphie pour tenir son « discours sur la race » 18 mars 2008. Il y avait été contraint par la polémique créée par les propos de son pasteur, Jeremiah Wright, dénonçant violemment la discrimination envers les Noirs. Le candidat à l’investiture démocrate pour l’élection de novembre s’était désolidarisé de cette vision tout en plaidant, comme il l’avait fait tout au long de sa présidence, pour cette « union plus parfaite » ce qui verrait les États-Unis confirmer leur avantage géopolitique sur le reste du monde en donnant l’exemple de la réalisation du rêve américain.

 » Je suis qui je suis « 

Kamala Harris, qui a soutenu Barack Obama dès le début mais dont on dit qu’elle déteste être comparée à lui, s’en tient jusqu’ici à une approche différente. Première femme procureure de San Francisco, première femme procureure générale de Californie, l’Etat le plus peuplé du pays, et première femme vice-présidente des Etats-Unis, la candidate ne semble pas pressée de jouer la carte de l’identité. Lorsqu’elle évoque sa carrière de briseuse de plafond de verre, comme elle l’a fait dans son discours de victoire du 7 novembre 2020, c’est souvent pour citer les mots de sa mère, la chercheuse sur le cancer d’origine indienne Shyamala Gopalan : « Vous pouvez être le premier, mais assurez-vous de ne pas être le dernier. »

En ce qui concerne la  » race « , comme on le dit aux Etats-Unis, elle préfère clairement éviter le sujet. A 59 ans, Kamala Harris n’est pas tourmentée par son identité. Elle se définit comme « fièrement américain »  » et laisse à d’autres le soin de le cataloguer s’ils le souhaitent.  » Je suis qui je suis, elle a dit un jour en 2015 à Washington Post. Et ça me convient. En 2020, dans le podcast « Asian Enough » de Los Angeles Timeselle a exprimé son agacement d’avoir à « expliquer des choses sur elle-même » que nous ne demanderions pas à quelqu’un d’autre de détailler. « Je n’ai jamais eu de crise d’identité, elle a insisté. Ce qui me frustre, c’est que les gens pensent que j’aurais dû traverser une telle crise et que je dois l’expliquer, mais ce n’est pas le cas.. »

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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