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Kamala Harris réussit le débat face à Donald Trump, notre analyse de la soirée

Donald Trump et Kamala Harris ont débattu sur ABC le 10 septembre 2024 dans le cadre de l'élection présidentielle américaine.
MATTHEW HATCHER / AFP Donald Trump et Kamala Harris ont débattu sur ABC le 10 septembre 2024 dans le cadre de l’élection présidentielle américaine.

MATTHEW HATCHER / AFP

Donald Trump et Kamala Harris ont débattu sur ABC le 10 septembre 2024 dans le cadre de l’élection présidentielle américaine.

ETATS-UNIS – Un débat pour l’histoire et la démocratie. Les candidats à la présidentielle américaine Kamala Harris et Donald Trump se sont affrontés sur le plateau d’ABC ce mardi 10 septembre, à un peu moins de deux mois de l’élection. Alors que la vice-présidente avait beaucoup à prouver après avoir remplacé Joe Biden au pied levé, elle a pris le dessus dans cette rencontre très offensive, qu’elle a commencée en serrant la main de son rival.

L’enjeu était particulièrement important pour la démocrate. Alors qu’elle profite d’une longue lune de miel depuis le retrait de Joe Biden, elle était en retard de popularité par rapport à Donald Trump, qui occupait déjà le Bureau ovale entre 2016 et 2020. Elle devait donc se présenter aux électeurs qui la voient comme une inconnue, tout en attaquant sa rivale à la fois sur ses idées et sa personnalité.

Sur le plan de la forme, la victoire revient sans conteste au vice-président démocrate. Malgré quelques bégaiements dans les toutes premières secondes et des signes de nervosité, celle qui n’est pas habituée aux débats mais qui a pourtant une carrière de procureure californienne derrière elle s’en est prise à son adversaire dès le début de la rencontre. Son ego blessé, Donald Trump n’a répondu qu’en aboyant et en multipliant les fausses informations.

Trump très ennuyé

En regardant droit dans la caméra pour s’adresser directement aux téléspectateurs, Harris a parfois ignoré la présence de son rival renfrogné. Sa posture dynamique contrastait fortement avec celle de Joe Biden, qui était apparu très faible sur CNN fin juin. Prenant des notes, la vice-présidente est également apparue très sérieuse et préparée, tandis que Donald Trump n’a cessé d’élever la voix et de faire des déclarations décousues pendant les 105 minutes du débat.

A plusieurs reprises, Donald Trump est apparu tout simplement ridicule. Notamment lorsqu’il a répété les fausses informations que son camp avait propagées ces dernières heures, selon lesquelles des immigrés haïtiens mangeraient les chats des Américains à Springfield, dans l’Ohio. Le modérateur du débat, David Muir, a précisé : « après avoir contacté les autorités de la ville, qui ont nié »Au cours de cet échange surprenant, Kamala Harris est apparue à l’écran en train de rire.

Ce dernier n’a pas lésiné sur le fait de le faire passer pour un amateur, en prétendant qu’il était « la risée » dirigeants internationaux tandis que le « dictateurs » pourrait le « manipuler en utilisant des flatteries et en promettant des faveurs »Donald Trump, pour sa part, se targuait d’être proche du dirigeant autoritaire hongrois Viktor Orban.

Kamala Harris remporte le débat, mais…

Sur le fond, pas de surprise. Kamala Harris a mis sur la table l’insurrection du 6 janvier 2021, le droit à l’avortement, ou encore le « Projet 2025 », un programme ultraconservateur critiqué dont Trump a pris ses distances et affirmé ne pas avoir « pas lu ». Elle a ensuite frappé dans le mille lorsqu’elle a déclaré que lors des rassemblements de Trump, « Les gens commencent à partir plus tôt, par épuisement et par ennui »Piqué au vif, le républicain de 78 ans a répondu : « (Kamala Harris) paie des gens pour assister à ses rassemblements ». Et de l’appeler « Marxiste » pour le discréditer.

Sans entrer dans les détails, la démocrate a répété qu’elle n’était plus favorable à l’interdiction de la fracturation hydraulique (« fracking ») et n’a pas développé son plan pour ramener la paix entre Gaza et Israël. Donald Trump a, de son côté, affirmé que Kamala Harris « détestait Israël » et a esquivé la question lorsque les modérateurs lui ont demandé des détails sur son plan pour remplacer Obamacare. « J’ai des projets de plans. »a-t-il répondu, alors qu’il affirme travailler depuis plusieurs années sur la protection sociale des Américains. Enfin, interrogé sur la paix qu’il promet d’apporter entre l’Ukraine et la Russie, il a encore esquivé et a simplement évoqué une  » accord «  sans apporter un soutien clair à Kiev, contrairement à Kamala Harris.

Après cette confrontation houleuse, Donald Trump a commenté sur son réseau social : « Je pensais que c’était mon meilleur débat (…), surtout que c’était trois contre un ! » Référence à Kamala Harris et aux deux journalistes présents sur le plateau, qu’il avait critiqués avant même le débat pour leur supposée impartialité. De son côté, la vice-présidente, consciente de sa supériorité, a déjà défié le républicain à un deuxième rendez-vous.

Le bon score de Kamala Harris n’est en rien un indicateur de l’avenir. Gagner un débat ne signifie pas gagner l’élection, comme Hillary Clinton et bien d’autres candidats avant elle l’ont cruellement constaté. La démocrate était censée tendre la main aux électeurs modérés, mais est-ce que le fait d’admettre qu’elle possède une arme pour prouver qu’elle n’interdira pas les armes suffira ? Comme l’ont montré à maintes reprises des études, les débats mobilisent en grande partie les électeurs déjà engagés pour l’un ou l’autre candidat, et non les indécis. L’élection présidentielle va en effet se jouer dans les prochaines semaines.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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