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Kamala Harris ou Donald Trump ? Sous l’influence de leurs propriétaires milliardaires, le « Washington Post » et le « Los Angeles Times » choisissent de ne pas choisir

Le texte est court, sans fioriture, comme une contrainte forcée. Vendredi 25 octobre, onze jours avant l’élection présidentielle, le directeur général de Washington Post, William Lewis, a annoncé que le quotidien ne soutiendrait aucun candidat, une première depuis 1988. Il s’agirait d’un simple « retour aux sources »affirme le signataire, s’appuyant sur d’anciens éditoriaux, qui avaient imposé la même retenue en 1960 et 1972.

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« Nous reconnaissons que cela sera interprété de différentes manières, comme un soutien tacite à un candidat ou une condamnation d’un autre, ou comme une abdication de nos responsabilités, précise le texte. C’est inévitable. » William Lewis déclare que la mission de Washington Post reste à proposer « informations non partisanes » et être  » indépendant « .

« Ce qui vient de se passer est humiliant pour nous en tant qu’institution et profondément inquiétant »confié à Monde un journaliste expérimenté. D’après le site de référence Revue de journalisme de Columbiadeux membres du conseil de surveillance avaient pourtant travaillé plusieurs semaines sur un projet éditorial en soutien à Kamala Harris. L’annulation de cet article et l’adoption d’une prétendue neutralité ont été très mal accueillies au sein de la rédaction, mise devant le fait accompli, alors que son traitement de la campagne a été par ailleurs complet et de grande qualité.

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« La lâcheté, dont la démocratie est la victime »

En réponse, le politologue conservateur Robert Kagan a annoncé sa démission symbolique du comité de rédaction. Marty Baron, ancien directeur général du journal, a également réagi avec fermeté sur le réseau X. «C’est une lâcheté dont la victime est la démocratie. Donald Trump y verra un encouragement à intimider davantage Jeff Bezos (et d’autres). Une inquiétante absence de caractère dans une institution réputée pour son courage. »

Jeff Bezos, patron du groupe Amazon, est le propriétaire de Washington Post. C’est lui qui est soupçonné d’avoir imposé cette décision, anticipant l’hypothèse d’une nouvelle présidence de Donald Trump, qui pourrait nuire à ses intérêts. Le syndicat des journalistes au sein même du quotidien relaie cette accusation et fait déjà état de désabonnements de lecteurs fidèles. Le sénateur démocrate Bernie Sanders (Vermont) voit dans ce rebondissement la révélation de « Qu’est-ce que l’oligarchie »Jeff Bezos a peur de perdre « Les contrats fédéraux d’Amazon. » Un autre géant de la tech, Mark Zuckerberg, patron du groupe Meta et fondateur de Facebook, a également annoncé qu’il ne soutiendrait personne lors de l’élection, s’attirant les félicitations de Donald Trump.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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