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Président Trump, ces électorats qui ont boudé Kamala Harris (Photo de Kamala Harris lors de son discours de défaite le 6 novembre à Washington)
ÉTATS-UNIS – Les sondages annoncent un coude-à-coude très serré entre Donald Trump et Kamala Harris, donnant même une très légère avance au démocrate. Cela n’a pas été le cas : le Républicain a largement battu son rival, dépassant son score de 2016 et remportant le vote populaire. Mais qu’est-il arrivé à Kamala Harris ?
Selon les sondages à la sortie des urnes, il semblerait que certains électorats que l’on aurait cru favorables aux démocrates aient préféré Trump… ou aient choisi de ne pas voter. Tout au long de sa campagne, Kamala Harris s’est concentrée sur les femmes et les minorités, en mettant l’accent sur l’avortement et les droits humains. Mais elle n’a visiblement pas réussi à atteindre le but.
L’avortement, trop léger dans la balance par rapport à l’économie
Selon les chiffres de NBC News, 45 % des femmes ont voté pour le Républicain, soit trois points de plus qu’en 2020. Si la part des électeurs blancs et noirs est stable par rapport au scrutin précédent, c’est surtout chez les femmes hispaniques que le Républicain a fait une percée, 38% d’entre eux le choisissant cette année contre 30% en 2020.
« Il ne faut pas oublier qu’il existe de nombreuses femmes conservatrices sur les questions sociales ou favorables au libéralisme économique. Ce résultat n’est donc pas une grande surprise. », souligne le HuffPost Mathieu Gallard, directeur de recherche chez Ipsos. La défense du droit à l’avortement par Harris n’a clairement pas eu suffisamment de poids pour faire la différence auprès des électeurs. Surtout compte tenu de la situation économique.
« L’inflation a joué un rôle important »note Bernard Yaros, économiste chez Oxford Economics. Et, dit-il à l’AFP, même si « a ralenti, cela ne semble pas profiter au parti au pouvoir ». Pour Sylvie Laurent, enseignante à Sciences Po Paris, « Les femmes sont responsables du budget familial et font les courses pour les repas. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté de plus de 30 % depuis 2020 (…). Harris n’a pas réagi à cette situation.
Dans le même temps, le fait que Donald Trump ait atténué son discours anti-avortement a peut-être brouillé ses positions sur ce sujet et apaisé les réticents. Selon l’agence de presse Reuters, parmi les électeurs qui estiment que l’avortement devrait être une procédure légale dans la plupart des cas, seuls 51 % soutiennent Kamala Harris, contre 47 % pour Donald Trump.
L’électorat hispanique, entre inflation et immigration
Au-delà des femmes, c’est l’ensemble de l’électorat hispanique qui a laissé tomber Kamala Harris, votant à 46 % en faveur de Donald Trump, malgré ses sorties racistes ces dernières années. Une hausse de 14 points par rapport à 2020.
En fin de compte, Harris n’avait que six points d’avance parmi l’électorat latino-américain, soit une forte baisse par rapport à l’avance de 33 points de Biden sur Trump en 2020 et de 38 points d’avance de Clinton. il y a huit ans.
Ici aussi, nous devons ce retournement de situation à l’économie. Dans les sondages, les électeurs hispaniques ont principalement donné l’inflation et la hausse des prix du logement et de la nourriture comme leur problème numéro un. Et ce n’est pas en gardant les démocrates au pouvoir qu’ils ont cru que cela pourrait changer.
Enfin, la question de l’immigration est également entrée en jeu. Selon NBC News, l’électorat hispanique s’est positionné en faveur d’une répression plus stricte dans ce domaine. Ceci notamment contre de grands groupes de personnes arrivant à la frontière et « ce qui a mis à rude épreuve les ressources des communautés qui tentaient de les accueillir « . Selon une enquête de la chaîne réalisée en septembre, 35 % des Hispaniques estiment que l’immigration fait plus de mal que de bien. Du jamais vu en une vingtaine d’années d’enquêtes, souligne-t-on.
Les électeurs arabo-américains punissent Harris
Ils ne voulaient pas non plus soutenir le candidat démocrate : les électeurs arabo-américains ont sanctionné Kamala Harris, selon les sondages. Cet électorat, historiquement très favorable aux démocrates, s’est démobilisé en raison de la position ambivalente du vice-président sur le conflit à Gaza.
L’exemple le plus frappant est celui de Dearborn, dans le Michigan, à la périphérie de Détroit. La ville de 100 000 habitants est connue pour abriter la plus grande communauté arabo-américaine, qui représente 40 % de la population arabo-américaine. Selon la presse locale, Trump a obtenu 42,5% des voix, contre 36% pour Kamala Harris. Surtout, la candidate écologiste Jill Stein a obtenu 18 % des suffrages, bien au-dessus de sa moyenne nationale.
Harris, pas assez différent de Biden
Dans l’ensemble, les Américains ont massivement rejeté la présidence Biden, et Kamala Harris s’est différenciée bien trop tard du président, particulièrement impopulaire en matière d’économie, d’immigration et de soutien à Israël. » Selon moi, Kamala Harris paie le mécontentement de la population face à la situation économique et son incapacité à faire campagne sur des thématiques différentes qui auraient pu donner lieu à des discussions sur d’autres sujets. », souligne Mathieu Gallard.
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