Kalray, pépite grenobloise qui rêve de devenir un Nvidia européen, pourrait bientôt avoir parmi ses actionnaires ce porte-drapeau de l’engouement pour l’IA
Kalray a chuté de plus de 10% aujourd’hui à la Bourse de Paris alors que cette pépite grenobloise de la « deep tech » a annoncé, hier en fin de journée, avoir entamé des discussions avec la start-up israélienne Pliops en vue d’une rapprochement. Cette réaction n’a rien à voir avec une quelconque méfiance géopolitique liée à la guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza. C’est l’abaissement de l’objectif de chiffre d’affaires pour cette année qui apparaît implicitement dans les éléments du langage de présentation de l’entreprise qui est sanctionné. Si Kalray a confirmé son ambition d’une croissance forte, tirée principalement par le second semestre, elle n’a pas pour autant réitéré son indication d’une dynamique identique à celle de 2023 (+57%).
L’entreprise, qui se rêve en Nvidia européenne, conçoit et fabrique des processeurs de nouvelle génération – cerveaux des ordinateurs et supercalculateurs pour l’IA – puissants, économes en énergie et « intelligents ». C’est au secteur des semi-conducteurs ce que la biotechnologie est à l’industrie pharmaceutique. Kalray dépense beaucoup en R&D pour développer des technologies de rupture et ses dépenses devraient encore augmenter avec cette fusion avec Pliops. Cette société, spécialisée dans le développement de solutions d’accélération pour les serveurs de stockage et l’IA dans les datacenters, ne génère pas encore de revenus. « L’acquisition de Pliops augmentera automatiquement la consommation de trésorerie de Kalray », notamment l’analyste financier Gautier Le Bihan de la banque privée Oddo BHF. La trésorerie de Pliops devrait néanmoins être en mesure de couvrir les dépenses des douze premiers mois, avance la direction de Kalray dans un communiqué.
Dilution
« Cette fusion permettrait à Kalray et Pliops de mutualiser leurs technologies et surtout d’optimiser la prochaine génération de puces Kalray, les Dolomites, qui sortiront fin 2025.explique Gautier Le Bihan. D’autant que la technologie Pliops est particulièrement pertinente pour répondre aux enjeux de l’IA. » L’analyste Maxime Dhoury de Portzamparc ajoute que « La combinaison de leurs technologies pourrait augmenter l’efficacité du GPU jusqu’à 30 à 40 % (indispensable pour l’apprentissage automatique) pour les applications d’IA. »
L’opération sera entièrement payée en actions. Les parités prévues donneraient 65% du capital du nouveau groupe aux actionnaires de Kalray tandis que ceux de Pliops (dont de grands noms comme AMD, Intel, Nvidia) recevraient 35% après paiement en actions nouvelles, avec possibilité pour ces derniers d’augmenter 40% en cas d’atteinte des objectifs stratégiques.
« L’entrée au capital de Kalray d’anciens actionnaires de Pliops lui permettra d’atteindre plus facilement les hyperscalers et renforcera la légitimité de sa solution »estime-t-on chez Oddo BHF, où l’analyste Gautier Le Bihan abaisse néanmoins son objectif de cours du titre Kalray de 28 à 22 euros pour tenir compte de la dilution liée à l’émission de nouvelles actions.