Le président tunisien Kaïs Saïed a dénoncé jeudi 16 mai « ingérence étrangère inacceptable » les inquiétudes exprimées par l’Union européenne, la France et les États-Unis après une vague d’arrestations d’avocats, de journalistes et de personnalités de la société civile. Le chef de l’Etat, qui concentre tous les pouvoirs depuis l’été 2021, a ordonné au ministère des Affaires étrangères de « convoquer dans les plus brefs délais les ambassadeurs d’un certain nombre de pays étrangers » leur transmettre « forte protestation ».
« Nous ne sommes pas intervenus dans leurs affaires lorsqu’ils ont arrêté des manifestants qui dénonçaient la guerre de génocide contre le peuple palestinien »a ajouté M. Saïed, dans une vidéo diffusée par la présidence avant l’aube.
Ces dix derniers jours, des personnalités de la société civile comme la militante antiraciste Saadia Mosbah, plusieurs avocats ainsi que des chroniqueurs de radio et de télévision ont fait l’objet d’arrestations souvent sévères. Samedi, l’avocate Sonia Dahmani, également chroniqueuse et voix critique contre le président Saïed, a été emmenée de force par des policiers cagoulés alors qu’elle s’était réfugiée dans un bâtiment de l’Ordre des avocats.
Violence contre un avocat
Lundi soir, un autre avocat, Mehdi Zagrouba, a été arrêté. Il a été hospitalisé en urgence dans la nuit de mercredi à jeudi, après avoir été frappé en détention et s’être évanoui, selon plusieurs avocats. Le président de la Ligue de défense des droits de l’Homme, Bassem Trifi, a déclaré avoir observé «chez le président et ses collègues, il y avait des traces évidentes de violence et de torture sur son corps».
Mardi, la France a exprimé son » préoccupation « après l’arrestation de Mmoi Dahmani dans un « contexte d’autres interpellations et interpellations, notamment de journalistes et de membres d’associations ». Les Etats-Unis ont également critiqué la vague d’arrestations, jugeant cela « type d’action en contradiction avec ce que nous considérons comme les droits universels explicitement garantis par la Constitution tunisienne ».
L’Union européenne a exprimé son » inquiétude « soulignant que la liberté d’expression et l’indépendance de la justice constituent » piédestal « de son partenariat privilégié avec Tunis.
Depuis que le président Kaïs Saïed, élu en octobre 2019 pour cinq ans prenant fin à l’automne prochain, s’est octroyé les pleins pouvoirs lors d’un coup d’État en juillet 2021, des ONG tunisiennes et internationales déplorent une régression des droits dans le pays qui fut le berceau du printemps arabe.